GARNIER FRANCIS (1839-1873)
Officier de marine, administrateur colonial et explorateur français, né le 25 juillet 1839 à Saint-Étienne, mort le 21 décembre 1873 aux portes de Hanoï.
Fils d'un officier militaire, Marie Joseph François Garnier, dit Francis, intègre en 1856 l'École navale de Brest en dépit de l'opposition de ses parents. À l'issue de sa formation, il embarque comme enseigne de vaisseau sur l'un des bâtiments du corps expéditionnaire français envoyé en Chine en 1860. En 1861, placé sous les ordres de l'amiral Léonard Charner à Saigon, il participe à la bataille de Chi Hoa, qui met un terme à la résistance menée jusqu'alors avec succès par les Vietnamiens contre l'avance française vers le sud (Cochinchine). En 1863, sans renoncer à son grade dans la marine, Garnier rejoint l'administration coloniale récemment mise en place en Cochinchine en qualité de préfet de Cholon – ville jumelle de Saigon.
Ardemment convaincu de la destinée impériale de la France, Garnier se fait le chantre de l'expansion de la puissance française au Vietnam et des avantages commerciaux supposés résulter de l'exploration du Mékong. C'est en grande partie sa prise de position qui motive l'organisation en juin 1866, au départ de Saigon, de l'expédition française dirigée par Doudart de Lagrée, dont Garnier est nommé second. Non seulement la mission se solde par un échec sur le plan commercial, mais le fleuve se révèle totalement impraticable. Cependant, malgré les conditions particulièrement éprouvantes et la morbidité ambiante qui emporte Lagrée, les explorateurs s'emploient sans relâche à cartographier un territoire mystérieux, devenant les premiers Européens à pénétrer la province du Yunnan par le sud. Ayant pris le commandement de l'expédition au décès de Lagrée, survenu trois mois avant la fin de la mission en juin 1868, Garnier se voit décerner plusieurs distinctions.
Garnier, revenu en France, travaille à superviser la publication du récit de l'expédition sur le Mékong, quand éclate la guerre franco-allemande. S'il se distingue pendant le siège de Paris, il n'obtient pas de promotion en raison des critiques qu'il formule publiquement quant aux termes de la paix imposée à la France. La déception née de cet épisode, à laquelle s'ajoute l'amertume ressentie face aux insinuations le taxant d'avoir déprécié le rôle de Lagrée dans l'exploration du Mékong, pousse Garnier à partir s'installer en Chine dans l'espoir de conjuguer explorations et succès commerciaux.
En août 1873, il quitte Shanghai pour Saigon à la demande du gouverneur français de Cochinchine, l'amiral Marie-Jules Dupré, qui entend tirer parti de l'entreprise arbitraire de Jean Dupuis, un marchand français, visant à ouvrir le Sông Kôi (le fleuve Rouge) au commerce avec la Chine. Bien qu'officiellement chargé de sortir Dupuis d'une situation épineuse dans la région de Hanoï, dans le nord du Vietnam, Garnier semble avoir reçu de Dupré des instructions secrètes en vue d'établir une position française dans cette zone. Quoique ce projet soit en contradiction avec la politique des pouvoirs publics français, Dupré et Garnier s'accordent apparemment à considérer que Paris avalisera une prise de possession réussie du territoire.
Garnier se rend à Hanoï le 5 novembre 1873, où il provoque une confrontation avec les responsables vietnamiens. Le 20 novembre, il attaque la citadelle de Hanoï et, avec une poignée d'hommes bien armés, l'emporte sur des troupes vietnamiennes supérieures en nombre. Les soldats de Garnier s'imposent ensuite en d'autres points du delta du Sông Kôi. Mais, à la mi-décembre, les autorités vietnamiennes sont parvenues à s'assurer le concours des Pavillons noirs, mercenaires à la solde de Liu Yongfu.[...]
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FRANÇAIS EMPIRE COLONIAL
- Écrit par Jean BRUHAT
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...établissement du protectorat sur le Cambodge (1863), annexion de la Cochinchine tout entière (1867), organisation de la mission Doudart de Lagrée ; Francis Garnier remonte le Mékong et conclut que le seul fleuve qui assure une pénétration aisée vers la Chine méridionale est le Sông Kôi (le fleuve...