Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CRICK FRANCIS HARRY COMPTON (1916-2004)

Francis Crick - crédits : Print Collector/ Getty Images

Francis Crick

Francis Crick est un biophysicien britannique qui a reçu, en 1962, avec James D. Watson et Maurice H. F. Wilkins, le prix Nobel de physiologie ou médecine pour l’élucidation de la structure en double hélice de l’ADN.

Né le 8 juin 1916 à Northampton en Grande-Bretagne, Crick étudie la physique dès 1937 à l'University College de Londres. Mais la guerre interrompt ses travaux et lui offre son premier emploi à l'Amirauté, où il travaille sur la conception de mines magnétiques. La fin de la guerre marque le moment d'une révolution en biologie, avec la découverte, en 1944, d'un lien direct entre l'ADN et les mécanismes de l'hérédité. C'est aussi le moment où les physiciens comme Erwin Schrödinger – dans Whatis life ? The Physical Aspect of the Living Cell – commencent à s'interroger sérieusement sur les concepts nécessaires pour comprendre cette hérédité. La lecture de cet ouvrage persuade Crick que les concepts et les méthodes de la physique et de la chimie doivent s'appliquer à l'étude de la vie sans qu'il soit nécessaire de mettre en avant un quelconque principe vitaliste. Crick quitte l'Amirauté en 1947 pour se tourner vers la biologie, grâce à l'obtention d'une bourse du Medical Research Council qui lui permet d'intégrer le Strangeways Research Laboratory à Cambridge. En 1949, il rejoint l'unité dirigée par Max Perutz (futur Prix Nobel de chimie en 1962) au Cavendish Laboratory, toujours à Cambridge, pour travailler sur la structure des protéines. Il obtient son doctorat en 1954, après avoir soutenu sa thèse sur « la diffraction des rayons X par les polypeptides et les protéines ».

Francis Crick est surtout connu pour sa participation à la découverte en 1953 de la structure de l'ADN, qui lui a valu le prix Nobel de physiologie ou de médecine en 1962, avec James Watson et Maurice Hugh Frederick Wilkins. Dans un contexte de compétition assez acharnée – dont Rosalind Franklin (1920-1958) a pâti –, cette découverte, éclairée par toutes sortes de récits d'inspiration souvent plus hagiographique que scientifique..., était très attendue ; tout laisse d’ailleurs à penser que d'autres allaient bientôt être en mesure de la réaliser.

Les contributions les plus remarquables de Crick, peu exposées au public non spécialisé, sont ultérieures. Elles concernent la façon dont l'information contenue dans l'ADN est exprimée dans la cellule. Les « acteurs » de la vie cellulaire sont des macromolécules, comme l'ADN et les acides nucléiques en général, mais qui appartiennent à une famille différente : les protéines. Dans les deux cas, il s'agit d'enchaînements linéaires de motifs de base : quatre dans le cas de l'ADN et vingt pour les protéines. Comment une correspondance s'établit-elle entre ces motifs ? En 1957, avec Sydney Brenner, Crick cherche à comprendre ce mécanisme et propose l'existence d'une famille d'adaptateurs moléculaires (concrétisée par la découverte des « ARN de transfert ») qui feraient la corrélation entre les acides aminés et de petites suites de motifs dans l'ADN : les codons. Participant à un travail collectif, Crick contribue à établir la nature de cette correspondance et montre que les codons sont formés de trois bases. Comme il existe quatre types de bases, 64 (43) triplets sont donc possibles. Cela pose la question de l'équivalence entre les 20 acides aminés et les 64 codons. Crick est l'un de ceux qui comprennent que certains triplets jouent le rôle de début et de fin de la correspondance. Par ailleurs, il émet l'hypothèse d'un certain « jeu » au niveau du troisième motif du codon, expliquant ainsi comment un même acide aminé peut être spécifié par plusieurs codons. L'ensemble de cette participation conceptuelle tout à fait remarquable[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur de recherche au CNRS, professeur à l'Institut Pasteur

Classification

Média

Francis Crick - crédits : Print Collector/ Getty Images

Francis Crick

Autres références

  • ADN (acide désoxyribonucléique) ou DNA (deoxyribonucleic acid)

    • Écrit par , , et
    • 10 074 mots
    • 10 médias
    Le 25 avril 1953, l'Américain James D. Watson et le Britannique Francis H. C. Crick, récipiendaires, en 1962, avec le Britannique Maurice Wilkins du prix Nobel de physiologie ou médecine, proposaient, dans la célèbre revue scientifique anglaise Nature, une structure tridimensionnelle...
  • BIOLOGIE - La biologie moléculaire

    • Écrit par
    • 7 405 mots
    • 8 médias
    ...familière aux cristallographes et étendue depuis peu aux protéines par Linus Pauling, la diffraction des rayons X. En 1953, Maurice Wilkins, James Watson et Francis Crick décrivent cette structure, devenue « emblématique » de la biologie moléculaire, la double hélice de l'ADN, déduite des clichés de Rosalind...
  • BRAGG sir WILLIAM HENRY (1862-1942) & sir WILLIAM LAWRENCE (1890-1971)

    • Écrit par
    • 1 790 mots
    • 1 média
    ...recherche sous l’égide du Medical Research Council (MRC) pour étudier avec les rayons X la structure moléculaire des systèmes biologiques, où sont engagés Francis Crick (1916-2004) et James Dewey Watson (né en 1928). Ceux-ci découvriront la structure en double hélice de l’ADN en 1953, en lien avec l’unité...
  • CODE GÉNÉTIQUE

    • Écrit par et
    • 1 764 mots
    • 1 média

    L'ADN (pour acide désoxyribonucléique) est une macromolécule linéaire, support matériel de l’hérédité de tous les organismes vivants, à l’exception de quelques virus. Une molécule d’ADN est constituée de l'enchaînement de quatre motifs moléculaires, les nucléotides. Cet enchaînement...

  • Afficher les 12 références