LACASSIN FRANCIS (1931-2008)
Éditeur, journaliste, écrivain, scénariste et collectionneur français. Né en 1931 dans la ville minière de Saint-Jean-de-Valériscle (Gard), il passe une enfance bercée par la lecture de bandes dessinées. Après des études de lettres et de droit à Montpellier et diverses collaborations dans des journaux locaux, il se rend à Paris et devient un fidèle de la Cinémathèque française. Sa passion du grand écran l'amène à participer pour Georges Franju à l'adaptation et aux dialogues de Judex (1963), d'après l'œuvre de Louis Feuillade, et à publier ultérieurement un manifeste, Pour une contre-histoire du cinéma (1972). En 1961, avec Alain Resnais et Evelyne Sullerot, il crée le Club des Bandes dessinées, qui devient bientôt le Centre d'études des littératures d'expression graphique. Parmi ses membres, on compte notamment Edgar Morin, Delphine Seyrig et Éric Rohmer. Jean-Claude Forest, Federico Fellini, Pierre Lazareff, Umberto Eco et Morris participent, entre autres, au bulletin du club, Giff-Wiff, qui tente de légitimer un art encore marginalisé. De fait, Francis Lacassin ne cessera de militer contre la distinction alors ordinairement faite entre ce qui relève de l'« art véritable » et ce qui reste cantonné au domaine des « arts mineurs ». C'est donc tout naturellement qu'il organise en 1967, à Cerisy-la-Salle un colloque intitulé « Littérature et paralittérature », avant d'occuper en 1971 la première chaire d'histoire de la bande dessinée à l'université de la Sorbonne à Paris. La même année, il publie l'ouvrage Pour un neuvième art : la bande dessinée. À partir de 1964, il collabore également à la revue Bizarre, dirigée par Jean-Jacques Pauvert, puis au Magazine littéraire. Tout en exerçant une activité de journaliste à L'Express et au Point, il se consacre à l'édition aux côtés d'Éric Losfeld, de Christian Bourgois (pour la collection 10/18, de 1971 à 1990) et de Guy Schoeller (pour la collection Bouquins, de 1982 à 2000). Là, il s'efforce de révéler des plumes méconnues, de défricher les œuvres secrètes d'auteurs trop connus et de favoriser l'essor de genres comme la littérature policière et fantastique. Il s'attache ainsi à faire connaître des écrivains tels que Gustave Lerouge ou Léo Malet et consacre plusieurs ouvrages à Georges Simenon. On lui doit la publication de l'œuvre intégrale de Jack London, des inédits de Lewis Carroll, Robert-Louis Stevenson et de Casanova. Cet insatiable défricheur confie en 1997 l'ensemble de ses archives, soit près de 35 000 livres et 12 000 journaux et revues, à l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine (I.M.E.C.). En 2006, il revient sur son parcours avec le premier tome de ses Mémoires, Sur les chemins qui marchent.
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Écrit par
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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