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LOPEZ FRANCIS (1916-1995)

L'immense succès de Francis Lopez pendant plus de vingt ans est dû à la rencontre d'un compositeur, d'une époque et d'un interprète.

Francisco Lopez naît le 15 juin 1916 à Montbéliard. Son père, mobilisé comme dentiste aux armées, était cantonné près de Belfort ; sa mère avait tenté de le rejoindre, mais avait dû s'arrêter à Montbéliard, qui comptait déjà une assez importante communauté hispanique. Et c'est dans la « cité des Princes » de Franche-Comté, où son père s'installe ensuite comme chirurgien-dentiste, que Francisco fera ses premiers pas. Très vite, la famille quitte Montbéliard pour Bayonne : le père était d'ascendance basque espagnole, la mère basque d'Hendaye. Francisco a cinq ans quand son père meurt ; il vit alors, avec sa mère, à Saint-Jean-de-Luz, puis à Pau, où il achève ses études secondaires. Parallèlement, il apprend le violon, puis le piano. Après quoi, il « monte » à Paris, pour y entreprendre des études de chirurgie dentaire. Le jeune homme est mobilisé et blessé pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est un spectacle de Maurice Chevalier qui lui révèle sa vocation. Des rythmes ibériques plein la tête, il quitte l'odontologie pour la musique. Francisco, devenu Francis, rencontre alors un jeune Marseillais, Raymond Vincy, qui se destine à une carrière de librettiste. La rencontre sera décisive. Ils écrivent ensemble la première opérette de l'après-guerre, La Belle de Cadix, créée sur la scène du Casino-Montparnasse le 24 décembre 1945... Un triomphe ! Le tandem Lopez-Vincy durera trente-sept ans.

L'époque. Les quatre années d'occupation et de restrictions de la Seconde Guerre mondiale ont changé beaucoup de choses dans la société française ; mais, comme au lendemain de 1918, un besoin de détente, de distraction, de sourire se manifeste. Le théâtre retrouve son audience, en particulier le théâtre de divertissement. L'opérette refleurit, avec des reprises d'avant guerre, mais La Belle de Cadix apporte incontestablement quelque chose de nouveau. Ce qui frappe, c'est le rythme, qui mêle avec beaucoup d'éclectisme le flamenco et la sardane, le tango et le fandango, ou même le slow et le paso doble. La trame est classique : un couple sentimental, un couple comique ; une mise en scène à grand spectacle, avec une machinerie digne du Châtelet, des costumes colorés, chatoyants et, surtout, un exotisme ensoleillé qui fait rêver. La musique est « facile », certes, mais facile à retenir aussi et, il faut le reconnaître, bien construite. Quant au texte, le jeune Raymond Vincy s'est fait aider, pour cette première expérience, par deux « vieux routiers », Marc Cab et Maurice Vandair.

Encore fallait-il des interprètes. La vedette sera une découverte : Luis Mariano. Doté d'une belle voix, Mariano Eusebio González y García, dit Luis Mariano, né à Irún en 1914, a étudié le chant au conservatoire de Bordeaux, ville où s'était réfugiée sa famille au moment de la guerre civile espagnole. Il « monte » ensuite à Paris, où, grâce à sa rencontre providentielle avec Francis Lopez, il devient le « ténor à la voix de velours ». Plus tard, Francis Lopez gardera toujours un don particulier pour révéler de jeunes talents, comme Rudy Hirigoyen ou José Todaro.

Après le succès de La Belle de Cadix, qui sera jouée pendant deux années consécutives et régulièrement reprise à Paris et en province par la suite, les réussites se succéderont. Jusqu'à la mort de Luis Mariano, en 1970, Francis Lopez composera principalement pour lui. Dès 1947, sur la scène de la Gaîté-Lyrique, le ténor est en vedette dans Andalousie : le succès est étourdissant, dû toujours à la magnificence des ballets, des costumes, au mouvement de la mise en scène, mais aussi au fait que, le compositeur ayant acquis du métier,[...]

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Écrit par

  • : licenciée ès lettres françaises, grecques et latines, producteur délégué d'émissions musicales à Radio-France

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Autres références

  • OPÉRETTE

    • Écrit par
    • 2 968 mots
    • 1 média
    Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, on changera de genre, une fois encore, et Francis Lopez lancera une forme d'opérette à grand spectacle, le plus souvent exotique – le modèle sera La Belle de Cadix (1945) –, très prisée du public, mais dont le succès tiendra autant à la mise en scène,...