VIELÉ-GRIFFIN FRANCIS (1864-1937)
Né aux États-Unis d'une famille de lointaine origine française, Vielé-Griffin vint en France à huit ans et s'y installa définitivement, à Paris, puis en Touraine et à Bergerac. Condisciple d'Henri de Régnier au collège Stanislas, il publie, en 1886, son premier recueil de poèmes, Cueille d'avril. Les deux amis sont introduits ensemble aux mardis de la rue de Rome ; Mallarmé les considérait comme les meilleurs poètes de l'école. C'est Francis Vielé-Griffin qui, le premier, choisit le vers libre dans son recueil Joies (1889). Suivait-il en cela le grand poète américain Walt Whitman sur la voie d'une liberté nouvelle ? En tout cas, il se fit le plus ardent défenseur du vers-librisme, tant par ses articles que par ses poèmes. Cette technique lui permet une beaucoup plus grande souplesse, le vers libre s'adaptant aisément au souffle de la vie et à l'action aussi bien qu'à la description exaltée de la nature. En 1897, dans La Clarté de la vie, il introduit l'assonance, sans pour autant abandonner la rime. Contrairement à Whitman qui exaltait la camaraderie dans un lyrisme social, Vielé-Griffin trouve ses thèmes dans l'Antiquité classique et les histoires légendaires : les sources de son inspiration et sa période lyrique, encore assez sage malgré le vers libre, s'y adaptent parfaitement. La strophe se déroule au rythme de la respiration ; le vers, qui dépasse rarement douze pieds, constitue une phrase. Peu d'enjambements, peu d'allitérations ; c'est peut-être parce qu'à la prosodie classique le vers-librisme n'a pas encore substitué une rythmique appropriée, une architecture nouvelle que Francis Vielé-Griffin ne s'est pas véritablement imposé comme poète novateur.
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Écrit par
- Antoine COMPAGNON : docteur ès lettres, professeur à l'université Columbia, États-Unis
Classification
Média