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FRANCISCAINS

L'époque moderne

Certes la bulle de Léon X ne met pas plus un terme aux querelles qu'aux scrupules ! Des Observants accusent les Conventuels d'avoir divisé l'ordre ; beaucoup de « réformés » supportent mal d'être réunis aux Observants, dont ils regrettent l'esprit uniformisant ; partout on trouve que l'idéal de François est trahi d'une manière ou d'une autre. Aussi un observant de vingt-huit ans, Matthieu de Basci († 1552), un peu illuminé, veut un retour radical à l'expérience primitive du fondateur. Il est sincère, mais il se fait de François une image chargée d'une tradition qui serait taxée de peu objective au regard des exigences critiques d'aujourd'hui. À la fois ermites, mendiants et prédicateurs populaires, les premiers «  capucins », compagnons de Matthieu de Basci, conquièrent droit de cité dans l'Église et le monde et passent bientôt pour les plus vrais disciples du Pauvre d'Assise. Ils n'étaient d'abord autorisés à se recruter qu'en Italie (bulle Religionis zelus, 13 juill. 1528) ; ils se font connaître et apprécier à l'occasion du concile de Trente, et ont en 1575 leur première maison en France (Paris-Picpus), où ils connaissent une expansion prodigieuse : en 1754, ils comptent 438 couvents et 6 176 religieux. Ils se recrutent dans la plus haute noblesse, entre autres les Joyeuse, les Molé-Champlâtreux, les Marillac, sans oublier le père Joseph Le Clerc du Tremblay, secrétaire de Richelieu. En même temps, les Conventuels se stabilisent et se réforment, mais les Observants ressentent un besoin continu de réforme, ce qui entraîne leur diversification en nombreuses congrégations. Celles-ci ne brisent pas l'unité de l'ordre, qui compte au total 77 000 membres à la fin du xviiie siècle. Ces congrégations sont plus connues sous le nom de Riformati en Italie (1532), « Alcantarins » en Espagne (1557), «  Récollets » en France (1570).

Toutefois les Franciscains de toutes branches connaissent l'affaiblissement général de la vie religieuse au siècle des Lumières et subissent la Révolution française. Mais au xixe siècle, l'ordre franciscain se reconstitue peu à peu. En France, les Capucins ouvrent quelques maisons en Provence (1828) et, en 1849, l'Espagnol J. Areso est chargé par le général des Observants de reconstituer l'ordre ; en 1852, les Récollets s'y réforment aussi avec l'appui des Riformati italiens ; seuls les Conventuels en demeurent absents. Malgré les troubles politiques du temps, les Franciscains reprennent leur rôle de prédicateurs populaires et de missionnaires dans les pays qui s'organisent en chrétientés nouvelles. Leur genre de vie est cependant hésitant et peu modernisé ; la multiplicité des congrégations limite leur action en laissant subsister des rivalités devenues sans fondement. Le 4 octobre 1897, par la bulle Felicitate quadam, Léon XIII réunit à nouveau toutes les congrégations de l'observance sous le nom de Frères mineurs (dits Franciscains, en France), laissant aux Capucins et aux Conventuels leur pleine indépendance.

Si riche qu'ait été le passé des Franciscains, témoins du Christ, missionnaires, savants, hommes d'action, ils ne veulent ni se contenter d'un passé glorieux ni risquer de disparaître par inattention au monde d'aujourd'hui. Le deuxième concile du Vatican leur fait d'ailleurs, comme aux autres religieux, l'obligation de s'adapter, aussi bien dans leur vie privée, personnelle ou collective, que dans leurs apostolats multiples. Depuis 1967, des chapitres généraux spéciaux ont rénové, selon les normes du nouveau droit canonique, les Constitutions propres à chaque branche – Conventuels, Franciscains, Capucins. L'occasion est ainsi venue d'un retour aux origines sans pour autant renier sept siècles[...]

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