FRANCO FRANCISCO (1892-1975)
Le vainqueur de la guerre civile
Dès la victoire du Front populaire, le général Emilio Mola, gouverneur de Pampelune, prépara une conspiration militaire. Les conjurés souhaitaient la participation de Franco en raison de son prestige dans les troupes d'Afrique et parmi les jeunes officiers formés à Saragosse. Mais Franco, conscient des risques, hésita, jusqu'à l'assassinat du leader monarchiste José Calvo Sotelo. Lors du Mouvement ou Alzamiento du 18 juillet 1936, il parvint à gagner le Maroc, à organiser les rebelles, puis à passer en Andalousie avec les premiers tabors de combattants marocains.
Le Mouvement, qui ne rallia pas la totalité de l'armée, fut loin d'obtenir un succès complet. Ses échecs à Madrid, Barcelone, Valence, Bilbao notamment signifièrent le déclenchement de la guerre civile. Franco obtint très vite et à crédit, de l'Allemagne puis de l'Italie, des avions et des chars qui facilitèrent les transports de troupes du Maroc en Espagne. L'envoi de la légion aérienne allemande (Condor) eut un rôle décisif dans la conduite de la guerre. La disparition de plusieurs chefs du Mouvement (morts accidentelles des généraux Sanjurjo et Mola, qui étaient à l'origine du soulèvement, et exécution du général Goded, autre leader du Mouvement), l'utilisation, par ses partisans, de symboles comme la libération de l'Alcazar de Tolède permirent à Franco d'être désigné par ses pairs généralissime le 29 septembre, et chef de l'État dans la zone nationaliste le 1er octobre 1936.
Franco s'appuya sur une grande partie de l'armée régulière, de la garde civile et des volontaires phalangistes, mais les deux fers de lance de son armée furent les troupes marocaines et les volontaires carlistes (requetés, navarrais surtout). La contribution des troupes italiennes fut également importante, et Franco sut, par ailleurs, former des cadres issus de la jeunesse ayant eu une instruction militaire (les alfereces ou sous-lieutenants provisoires). Il affronta une armée populaire composée de milices encadrées par des officiers fidèles à la République, appuyée par les volontaires des Brigades internationales (environ 30 000 hommes de tous pays), et dotée d'un matériel lourd soviétique de qualité (avions, chars) payé avec l'or de la Banque d'Espagne (la quatrième réserve d'or du monde) que la République avait confié à Staline en 1937.
Franco n'était pas un fin stratège. Mais il réussit à opérer rapidement la jonction entre ses armées du nord et celles du sud, tout en bloquant la frontière française à l'ouest ; ainsi qu'à couper « la tache loyale » du Nord (du Pays basque aux Asturies) de la capitale. De même, dans le cadre d'une course à la mer, au printemps de 1938, il coupa la Catalogne de Valence et de Madrid. Par ailleurs, il privilégia les facteurs politiques sur les objectifs militaires, usa habilement de la propagande (culte de la personnalité à travers l'épithète « Francisco Franco, Caudillo de España por la gracia de Dios ») et de la radio et fit durer la guerre pour mieux écraser l'adversaire, tout au moins jusqu'à ce que se précise la menace de la Seconde Guerre mondiale, à l'été de 1938. Il ne laissa jamais l'adversaire consolider ses succès initiaux à Guadalajara, Brunete, Teruel ou Belchite, et lors de la très dure bataille de l'Èbre (de juillet à octobre 1938), sursaut héroïque de l'armée populaire. Il profita de l'éclatement de l'unité de la République, à la suite du coup d'État du colonel Casado, le 5 mars 1939, contre le gouvernement de Juan Negrín jugé trop inféodé aux communistes, pour exiger de l'adversaire une capitulation sans conditions.
La fin de la guerre, le 1er avril 1939, s'accompagna d'une répression impitoyable, déjà commencée dans les régions[...]
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Écrit par
- Bartolomé BENNASSAR : professeur émérite des Universités
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Médias
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