CORELLI FRANCO (1921-2003)
Ténor italien, Franco Dario Corelli naît à Ancône, officiellement le 8 avril 1921, mais cette date est sujette à caution. Un certain flou entoure également ses années de formation ; selon ses dires, il aurait rapidement interrompu ses études musicales au Conservatoire de Pesaro et c'est essentiellement en autodidacte qu'il se serait formé en écoutant des enregistrements de ses grands aînés Caruso, Gigli et Lauri-Volpi. Après avoir remporté un concours de chant au Mai musical de Florence en 1950, il débute sur scène le 26 août 1951, à Spolète, dans le rôle de don José (Carmen de Bizet). C'est le commencement d'une fulgurante carrière.
Franco Corelli avait tout pour séduire : la prunelle assassine, le sourire carnassier, la musculature d'athlète... Mais, il fallait être bien sévère ou jaloux de ses dons pour ne pas admirer, au-delà d'un physique avantageux et des manières d'amateur de voitures de sport et de jolies femmes, une vraie bête de scène et l'un des plus grands ténors de l'après-guerre.
Pendant près de trois ans, il se produit dans toute la péninsule italienne. Le 7 décembre 1954, il inaugure la saison de la Scala de Milan en triomphant, au côté de Maria Callas (Giulia), dans Licinio (La Vestale de Spontini, mise en scène par Luchino Visconti). Il s'illustrera à la Scala jusqu'au début de 1965, élargissant son répertoire jusqu'à devenir le plus remarquable ténor lirico spinto de son temps. Il incarne notamment le Comte Loris Ipanov (Fedora de Giordano, avec Maria Callas dans le rôle titre, 1956), Dick Johnson (La Fanciulla del West de Puccini, 1956 et 1964), Radamès (Aïda de Verdi, 1956, avec Giulietta Simionato, Amneris), Canio (Paillasse de Leoncavallo, 1957), Gualtiero (Il Pirata de Bellini, 1958, avec Maria Callas, Imogene), Calaf (Turandot de Puccini, où le duo qu'il forme avec Birgit Nilsson dans le rôle titre demeure légendaire, 1958, 1960, 1962, 1964-1965), Ernani (Ernani de Verdi, 1959, avec Ettore Bastianini, Don Carlo), don José (1959, avec Giulietta Simionato, Carmen), Manrico (Le Trouvère de Verdi, 1959), les rôles-titres d'Andrea Chénier de Giordano (1960, avec Renata Tebaldi, Maddalena di Coigny), de Poliuto de Donizetti (1960-1961, avec Maria Callas, Paolina), Raoul de Nangis (Les Huguenots de Meyerbeer, 1962, avec Joan Sutherland, Margherita di Valois), Turiddu (Cavalleria rusticana de Mascagni, 1963). Dans Verdi, son répertoire comporte également le rôle-titre de Don Carlo, qu'il a abordé à Rome dès 1954, et Don Alvaro de La Force du destin, qu'il chante pour la première fois en 1958, au San Carlo de Naples ; il refusera cependant toujours d'incarner Otello, sans doute par crainte d'être comparé à Del Monaco.
Corelli triomphe sur les plus grandes scènes européennes et américaines. Il débute au Covent Garden de Londres en juin 1957 (Cavaradossi dans Tosca de Puccini, avec Zinka Milanov), à la Staatsoper de Vienne en juin 1960 (Andrea Chénier). Le Trouvère du 27 janvier 1961 est historique : Corelli chante pour la première fois au Metropolitan Opera de New York, en compagnie d'une autre débutante appelée à une grande carrière, Leontyne Price (Leonora) ; en 1962, tous deux triomphent dans ces deux rôles au festival de Salzbourg, dans les représentations légendaires dirigées par Karajan. En 1967, Corelli – malgré une diction française approximative – et Mirella Freni incarnent au Met les rôles-titres de Roméo et Juliette de Gounod. Corelli se produira avec la troupe du Met jusqu'en 1975.
Après un ultime Rodolfo (La Bohème de Puccini) à Torre Del Lago, le 13 août 1976, Corelli cesse progressivement de se produire en public, ne donnant plus que quelques concerts. Avec des moyens pratiquement intacts, il se retire en pleine gloire. Franco Corelli meurt à Milan le 29 octobre 2003.
Corelli a souvent été vilipendé[...]
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
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