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MODIGLIANI FRANCO (1918-2003)

Né à Rome en 1918, Franco Modigliani s'est fait connaître très jeune, en 1944, par un article sur la théorie de Keynes qui a lancé la controverse sur le rôle essentiel de la préférence pour la liquidité. Fidèle au keynésianisme, il a pris part, en tant que chef de file, à la polémique des années 1950 et 1960 entre monétaristes et keynésiens, aux côtés de Paul Samuelson, James Tobin et Lawrence Klein (futurs prix Nobel). Son originalité est incontestable. Même ses adversaires, les tenants du monétarisme, l'ont toujours reconnu comme un homme d'idées. Ses études ont plus généralement pris la forme d'articles touchant à tous les aspects de la macro-économie que celle de livres ou de traités. Après avoir obtenu un doctorat de droit en Italie et un doctorat de sciences sociales à la New School of Social Research à New York, le professeur Modigliani travaille dès la fin des années 1950 avec l'Américain Merton Miller sur des théorèmes devenus célèbres sous le double nom Modigliani-Miller et concernant le financement des entreprises.

L'idée de traiter les décisions financières comme des problèmes de marché n'était pas nouvelle à l'époque. Mais les deux hommes ont été les premiers à l'exploiter dans une analyse théorique rigoureuse qui a permis la poursuite des recherches en ce domaine. Ils ont établi que, si l'on s'en tient à des hypothèses de marchés parfaits et d'investisseurs rationnels, le partage que les sociétés font de leurs profits (sous la forme de dividendes ou d'investissements) n'aura aucun effet, ni sur l'entreprise ni sur le portefeuille de l'investisseur individuel. L'évaluation commerciale d'une entreprise ne sera en conséquence affectée ni par le volume ni par la structure de son passif (fonds propres et endettement). Ces travaux ont eu un impact décisif dans le domaine de la finance d'entreprise.

Le prix Nobel d'économie lui sera attribué, en 1985, pour ses travaux sur l'épargne et les marchés financiers. Concernant l'épargne, la « théorie du cycle de vie », inventée en 1954 par Richard Brumberg, trouvait déjà son origine dans la relation simple et linéaire que Keynes avait établie entre le revenu et la consommation, donc entre le revenu et l'épargne. Modigliani a démontré que les comportements se modifiaient tout au long de la vie. Chacun économise et se constitue un capital durant sa vie active, pour le consommer dans la dernière partie de son existence.

Avec Richard Sutch, Modigliani écrit en 1967 une théorie dénommée Habitat naturel de la structure des taux d'intérêt. Cette théorie associe la préférence de l'entreprise pour un endettement à court terme par rapport à un endettement à long terme à l'ensemble des activités productrices de celle-ci (d'où le terme d'habitat naturel). Modigliani et Sutch ont montré que de telles considérations avaient des répercussions sur la structure des taux d'intérêt. Un peu plus tard, en 1969, Modigliani élaborera avec Dwight Jaffee un modèle de rationnement du crédit.

À partir de 1962, ce professeur au M.I.T. (Institut de technologie du Massachusetts), qui a gardé un savoureux accent italien, une volubilité méridionale et des liens étroits avec son pays natal (conseiller de la Banque d'Italie), a apporté une importante contribution à l'élaboration du grand modèle économétrique de l'économie américaine, le MIT-FRB-Penn. Ce modèle, qui combina les efforts de deux universités américaines à ceux de la Federal Reserve, a été le précurseur de celui de la Wharton School, de celui de Data Resources ou de celui de la Federal Reserve. Il a certainement inspiré les modèles français de l'Institut national de la statistique et des études économiques (I.N.S.E.E.) et de la Direction de la prévision. Sans méconnaître tous ceux qui ont participé à cet[...]

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