FRANCOFONIA. LE LOUVRE SOUS L'OCCUPATION (A. Sokourov)

Un récit-fiction

Les trois registres du récit – le navire en perdition, le musée sous l'Occupation et l'histoire du palais du Louvre – sont reliés l’un à l’autre par la voix offde Sokourov dont on aperçoit d'abord la nuque et le dos, puis la silhouette au fond d'une pièce sombre. L'Arche russe se déroulait en un immense plan-séquence. Francofoniarepose au contraire sur un montage très travaillé, inspiré par un jeu de « correspondances » entre le présent et le passé (Seconde et Première Guerre mondiale ; le Louvre en 1940, 1546, 2015), le présent et le futur (au cours de la dernière séquence, Sokourov révèle à Jaujard et à Wolff-Metternich le sort qui les attend quelques années plus tard), la France et la Russie (Paris en teinte bistre et Leningrad en teintes blanche et bleu clair). Dans ce montage s'insère une pluralité d'images : images classiques, images de sculptures en surimpression, de bandes d'actualités (l'entrée des soldats allemands dans Paris, le gouvernement du maréchal Pétain à Vichy, l'exode), cartes géographiques, photos d'archives publiques (Tchekhov et Tolstoï sur leur lit de mort, Hitler, Staline) ou personnelles (photos de la famille Wolff-Metternich).

« Le rôle des musées dans notre relation avec les œuvres d'art, écrit Malraux au début des Voix du silence, est si grand que nous avons peine à penser qu'il n'en existe pas. » Francofonia, entre documentaire et fiction, illustre ce propos par l'image. Réceptacle des œuvres d'art du monde entier, le Louvre devient le témoin de l'univers du sacré.