- 1. Le premier pape sud-américain
- 2. Un souverain pontife au style original
- 3. Réformer, un impératif du pontificat du pape François
- 4. Les adversaires du pape François
- 5. Le pape François et la crise des migrants
- 6. Sortir de l’Église des abus sexuels
- 7. François, pape de la sauvegarde de la Création
- 8. Renouer avec Vatican II
- 9. Bibliographie
FRANÇOIS (1936- ), pape (2013- )
Le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, est élu pape le 13 mars 2013 sous le nom de François, un mois après la démission de son prédécesseur Benoît XVI. Le pape François est le premier souverain pontife né sur le continent américain et le premier jésuite (membre de la Compagnie de Jésus) à accéder au trône de saint Pierre.
Le premier pape sud-américain
Jorge Mario Bergolio est né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, dans une famille d’immigrés italiens originaires du Piémont, arrivés en Argentine en 1929. C’est un « portègne », un citadin qui a grandi au cœur de la capitale argentine, dans un pays d’Amérique latine où le catholicisme populaire est aussi présent que le football et le tango, dont il était grand amateur dans sa jeunesse. Après un cursus d’études scientifiques et techniques, il entre au noviciat de la Compagnie de Jésus en 1958 et est ordonné prêtre en 1969. Nommé provincial des Jésuites d’Argentine en 1973, il occupe ce poste pendant six ans. Son parcours de « supérieur » dans la Compagnie de Jésus est marqué par la dictature militaire argentine (1976-1983) et lui vaudra de fortes rancœurs, voire des accusations de collusion, de la part de jésuites engagés contre elle. En 1992, Jorge Mario Bergolio est nommé évêque auxiliaire de Buenos Aires et en devient l’archevêque en 1998, succédant ainsi au cardinal Antonio Quarracino. Jean-Paul II le crée cardinal en 2001.
La réputation de la vie simple du cardinal Bergoglio et de sa proximité avec les prêtres, les laïcs, les pauvres et les anonymes se répand au-delà de son diocèse. Une rumeur largement confirmée rapporte qu’au conclave de 2005 il est le principal « challenger » de Joseph Ratzinger, élu pape sous le nom de Benoît XVI. Ses qualités intellectuelles seront particulièrement remarquées quand il rédigera le document final de la « conférence d'Aparecida » (rencontre du Conseil épiscopal latino-américain [Celam], tenue au Brésil en 2007).
À l’issue du conclave de 2013, après son élection, Jorge Mario Bergoglio choisit de régner sous le nom de François – en référence à saint François d’Assise, le Poverello d’Assise – et de ne pas accoler de numéro à son nom. Le prénom François a valeur de programme, non seulement de pauvreté, mais aussi de réformes. François d’Assise n’avait-il pas entendu, en 1205, l’injonction du Christ « Va reconstruire ma maison qui tombe en ruines » ? L’élection de Jorge Bergoglio présente plusieurs traits originaux. Premier Latino-Américain à accéder au siège de saint Pierre, il est aussi le premier jésuite à exercer cette fonction. Il succède par ailleurs à un pape qui a démissionné, ce qui ne s’était pas produit depuis le Moyen Âge et posera inévitablement la question du statut de ce pape démissionnaire et de ses relations avec le pape régnant.
Bergoglio n’a obtenu les deux tiers de voix nécessaires à son élection qu’au cinquième tour de scrutin, face à l’archevêque de Milan Angelo Scola. Durant les consultations qui ont précédé le moment de l’élection proprement dite, l’Argentin aurait fait une brève intervention dont le rôle aurait été décisif et dont deux mots auraient particulièrement frappé les esprits : « autoréférence » et « périphéries ». Pour le futur pape François, l’Église doit cesser d’être sa propre référence, « sortir d’elle-même et aller dans les périphéries […] là où se trouvent le mal, l’injustice, la douleur, l’indifférence religieuse, les affrontements intellectuels et toutes les misères ». Pendant son pontificat, il se tiendra remarquablement à cette volonté initiale de se rendre dans des pays éloignés de l’Église, évitant autant que possible les grandes nations d’Europe – en 2023, quand il se rend en France pour participer aux Rencontres méditerranéennes et évoquer la question des migrants, il précise qu’il ne vient « pas[...]
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Écrit par
- Jean-Louis SCHLEGEL : sociologue des religions, éditeur, traducteur
Classification
Médias
Autres références
-
BENOÎT XVI JOSEPH RATZINGER (1927-2022) pape (2005-2013)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Raymond WINLING
- 2 491 mots
- 1 média
Après sa renonciation et l'élection de François à la tête de l'Église, il a vécu presque dix années au monastère Mater Ecclesiæ, au Vatican, en portant le titre inédit de « pape émérite ». Conformément aux engagements qu'il avait pris de faire « preuve de révérence et d’obéissance inconditionnelle...