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AUGIÉRAS FRANÇOIS (1924-1971)

Les éditions Fata Morgana ont entrepris depuis 1976 de republier les textes de François Augiéras, l'un des écrivains les plus injustement méconnus de notre époque.

À la fin de 1950, A. Gide, P. Herbart, Etiemble, Y. Bonnefoy et quelques autres reçurent une curieuse plaquette manuscrite, signée « Abdalah Chambah », et postée depuis l'Afrique du Nord. Le Vieillard et l'enfant marquait de la sorte l'entrée en littérature de celui dont on allait petit à petit reconstituer l'identité véritable. Le monde de l'édition s'intéressa à Augiéras, dont le succès, toutefois, restera très modeste. Jacques Brenner affirme que Gide, s'il n'était mort trop tôt, aurait publié cet auteur à la NRF ; il n'était pas resté insensible en effet au charme ambigu du personnage. Les éditions de Minuit publient en 1953 puis, en 1954, Le Vieillard et l'enfant ; La Nef édite Le Voyage des morts en 1959 seulement, Christian Bourgois se charge d'Une adolescence au temps du maréchal en 1968, et Flammarion d'Un voyage au mont Athos en 1970. Mais jusqu'à sa mort, et en dépit du caractère presque exclusivement autobiographique de l'œuvre, Augiéras restera ce vagabond énigmatique, étranger aux coteries et aux querelles littéraires.

L'œuvre est celle d'un voyant. L'aventure spirituelle évoque tour à tour Rousseau, Rimbaud, Nietzsche, la tradition bouddhique. La quête d'une religion initiatique (Un voyage au mont Athos par exemple) rejoint l'hybris pansexualiste et le paganisme magique, puissamment célébré dans des hymnes à la terre, au corps amoureux, aux « mille voix de la nuit ». En explorant la solitude (Domme ou l'Essai d'occupation, 1982, posthume), le dénuement physique et mental mais aussi la joie, Augiéras donne à son écriture son caractère pathétique. Le style tire sa force d'un mélange de naïveté et de rouerie, d'une syntaxe fruste et savante à la fois. Quant à l'humour, à la facétie même (ainsi dans Une adolescence au temps du maréchal), ils préservent l'œuvre des platitudes et des pesanteurs de la narration autobiographique ou de l'exposé philosophique.

— Michel P. SCHMITT

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