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BROUSSAIS FRANÇOIS (1772-1838)

Médecin français, né à Saint-Malo. Condisciple de Chateaubriand au collège de Dinan, François Broussais entre à l'école de médecine pour chirurgiens navigants, à Saint-Malo. Reçu officier de santé, il prend part à plusieurs expéditions comme chirurgien sur le corsaire Le Bougainville, puis, avec les bénéfices des prises de mer, il vient achever ses études à Paris. Il soutient sa thèse en 1803, mais faute de clientèle, il végète deux ans, lorsque N.-R. Desgenettes lui offre d'entrer dans l'armée. Affecté au camp d'Utrecht, il y souffre d'une fièvre ataxo-adynamique dont il guérit par une sortie en temps glacial ; il appliquera ensuite le refroidissement au traitement du typhus. Il parcourt la Belgique, la Hollande, l'Italie, note soigneusement ses observations sur les caractères des maladies rencontrées et médite sa future doctrine physiologique. Lors d'une convalescence à Paris, il écrit Histoire des phlegmasies chroniques (1818) ; puis, nommé directeur du service de santé du 2e corps d'armée, il part en Espagne où il passe six ans, autopsiant lui-même de nombreux cadavres. Il disait : « Si vous voulez faire avancer la science, interrogez les cadavres, voyez quel est, après la mort, l'état des organes et vous saurez ce que l'on doit faire pendant la vie », annonçant ainsi la physiopathologie.

Desgenettes obtient la nomination de Broussais comme professeur en second au Val-de-Grâce dont il fait une tribune pour répandre ses idées : les phénomènes vitaux dépendent de la chaleur extérieure ; chaque maladie est locale et se transmet ensuite d'un organe à l'autre ; la plupart des maladies ont une origine gastro-intestinale. Les élèves affluent et il publie, en 1816, Examen de la doctrine médicale généralement adoptée et des systèmes modernes de nosologie où il définit sa « médecine physiologique ». Toutes ses publications ultérieures seront des défenses de cette doctrine. En 1820, il succède à Desgenettes comme médecin-chef du Val-de-Grâce. En 1822, il fonde les Annales de la médecine physiologique. Il entre en 1831 à la faculté de médecine, où la chaire de pathologie générale vient d'être créée pour lui ; orateur au langage vif et emporté, ses convictions l'entraînent dans des polémiques où il se montre d'une hostilité extrême (« despote, furieux et sanguinaire », dit de lui Lecène) ; Laënnec fut l'une de ses plus illustres cibles. Il connaît, à la fin de sa vie, l'écroulement de sa doctrine ; ses cours se déroulent alors dans un amphithéâtre de plus en plus vide. Tandis que la méthode anatomo-clinique était en plein essor et apportait son aide incomparable à la médecine, Broussais soignait encore ses malades en leur appliquant de nombreuses sangsues sur l'estomac ou sur la tête pour prévenir la gastro-entérite. Saignés et mis à une diète sévère, les malades guérissaient rarement, mais ce fait n'a guère modifié les convictions du fondateur de la médecine physiologique. Les conséquences de cette thérapeutique furent encore plus désastreuses lorsque de nombreux chirurgiens, suivant les conseils de leur chef d'école, appliquèrent cette thérapeutique aux opérés. De telles pratiques ont lourdement assombri les statistiques opératoires.

— Jacqueline BROSSOLLET

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    ...stimulation. Si le système fut surtout répandu en Grande-Bretagne et en Allemagne, la France connut dans les années 1830 le triomphe éphémère du système de François Broussais (1772-1838) et son effondrement face au choléra. Ce système rapportait une grande partie des maladies à l’irritation de la muqueuse...