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CARON FRANÇOIS (1931-2014)

Historien de l’économie, François Caron a profondément renouvelé cette discipline. Né à Hazebrouck (Nord) en 1931, il suit des études supérieures à la Sorbonne et à l’Institut d’études politiques de Paris. Il obtient l’agrégation d’histoire en 1956. Après avoir servi en Algérie, il est nommé professeur au lycée Chaptal à Paris puis devient attaché de recherche au C.N.R.S. Assistant à l’université Paris X-Nanterre à partir de 1965, il est élu professeur à l’université de Dijon après la soutenance de sa thèse en mai 1969, puis rejoint l’université Paris-Sorbonne en 1976, à une chaire d’histoire économique qu’il occupera jusqu’en 1998.

Son apport s’enracine dans une thèse consacrée à la Compagnie des chemins de fer du Nord, dirigée par Ernest Labrousse puis par François Crouzet. Sa démarche était doublement audacieuse. D’une part, elle se plaçait dans un champ à peine dessiné, celui de l’histoire des entreprises. D’autre part, elle abordait la matérialité de la gestion d’un grand réseau, intégrant de manière fine et précisément quantifiée sa gestion financière, tout en étant sensible aux techniques et aux hommes qui l’orientaient en prenant pleinement en compte leur environnement politique et social. Ce travail, publié en 1973, fut à bien des égards une œuvre séminale.

Co-auteur en 1979 du quatrième tome de l’Histoire économique et sociale de la France, série dirigée par Fernand Braudel et Ernest Labrousse, François Caron publie en 1981 une Histoire économique de la France, XIXe-XXe siècle, traduite par Columbia University Press. L’approche globale et rigoureusement structurée de ce livre soutenu par un ample appareil statistique reste une référence. François Caron développe ensuite, dès le début des années 1980, une démarche croisant histoire économique et histoire des techniques, articulant aux cadres de l’histoire macro-économique une approche centrée sur les entrepreneurs-innovateurs. Il tire ainsi toutes les conséquences épistémologiques de sa thèse et crée en 1981 le Centre de recherche en histoire de l’innovation (C.R.H.I., université Paris-Sorbonne). Le travail effectué au sein de la revue Entreprises et Histoire, qu’il fonde en 1992 avec Patrick Fridenson, contribue à la structuration d’un domaine nouveau. Son œuvre associe profondeur des analyses et diversité des angles thématiques. Elle éclaire les dynamiques de l’innovation dans la longue durée. Elle embrasse les xixe et xxe siècles en abordant de manière privilégiée les questions industrielles avec une affection plus spécifique et fidèle pour les questions ferroviaires. Son engagement, dès sa création en 1982, au sein de la revue Histoire Économie et Société ainsi que la publication en 1985 de La France des patriotes : de 1851 à 1918 témoignent de sa volonté constante d’inscrire pleinement l’histoire de l’innovation dans une approche globale de l’histoire.

Historien engagé dans la société, François Caron le fut à travers ses nombreuses responsabilités au sein de son université comme au ministère de l’Enseignement supérieur. Cette trajectoire académique et scientifique fut associée à une volonté constante de favoriser l’accès aux sources et de diversifier les problématiques, tout en proposant pour le débat public des cadres d’analyse et des problématiques renouvelés. Il fut ainsi à l’origine du rapprochement entre la recherche académique et les entreprises autour des questions d’histoire économique. Fondateur en 1982 avec Marcel Boiteux, le président d’E.D.F., de l’Association pour l’histoire de l’électricité en France, il fut également président de l’Association pour l’histoire des chemins de fer (devenue Rails et histoire) et joua un rôle majeur dans la création et le développement de l’Institut pour l’histoire de l’aluminium et du Comité pour l’histoire de la Poste. Cette dynamique concerna également les grandes[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire contemporaine à l'université de Paris-Sorbonne, directeur de l'Institut des sciences de la communication (CNRS, Paris-Sorbonne, université Pierre-et-Marie-Curie)

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