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CHAMOUX FRANÇOIS (1915-2007)

François Chamoux a marqué par son œuvre le domaine de l'histoire de la Grèce classique et hellénistique. Né le 4 avril 1915 à Mirecourt (Vosges), François Chamoux était d'ascendance rhodanienne par son père et lorraine du côté maternel. Son parcours universitaire fut rapide et brillant. Lycéen à Chartres puis à Metz, il fut khâgneux au lycée Henri-IV à Paris, cacique à la rue d'Ulm (promotion de 1934), et premier de sa promotion d'agrégé de lettres classiques en 1938. Élève à l'école de Saint-Maixent la même année, il fit une brillante campagne comme sous-lieutenant d'infanterie (croix de guerre avec étoile d'argent) avant d'être fait prisonnier, et de rentrer en France, gravement malade, en 1941. Professeur de lycée, il fut admis pour ordre en 1943 à l'École française d'Athènes, qu'il rejoignit à la fin des hostilités. Son séjour en Grèce fut rude, dans un pays dévasté et en proie à la guerre civile. Il mit cependant ce temps à profit pour travailler sur les sites de Delphes et de Thasos, et pour découvrir la Cyrénaïque, en Libye, alors occupée par les Britanniques. Rentré en France, il fut assistant à Lille puis en Sorbonne, et de nouveau professeur de lycée à Paris avant de soutenir brillamment ses thèses en Sorbonne, en 1952, sur Cyrène sous la monarchie des Battiades, et sur L'Aurige de Delphes. Nommé alors à l'université de Nancy, François Chamoux occupe en 1960 la chaire de littérature et civilisation grecques à la Sorbonne, qu'il conserve jusqu'à sa retraite en 1983. Membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1981, il la présida en 1991, et il fit partie de la commission administrative centrale de l'Institut.

Excellent connaisseur de la langue grecque, François Chamoux était sans rival dans le domaine si difficile de la poésie grecque. Il était un homérisant reconnu, qui participa régulièrement aux rencontres homériques de Chios. Mais c'est surtout le genre de l'épigramme, qui l'attirait. De nombreux articles ont touché à ce domaine, que ce soit pour étudier une épigramme d'Apollonia de Cyrénaïque, où il retrouvait la facture de Callimaque, le grand poète cyrénéen du iiie siècle avant J.-C., ou encore celle pour un petit cochon à Edesse, où il décela sans peine le sens de ce sujet insolite.

Archéologue de terrain, François Chamoux, en digne élève de Charles Picard, eut une prédilection particulière pour la sculpture. Sa thèse complémentaire sur l'aurige de Delphes, parue en 1955, rééditée en 1989, est devenu un classique. Là aussi, d'innombrables articles ont éclairé le sens d'œuvres, appréciées pour leur esthétique, mais dont le sens était méconnu, que ce soit la célèbre Athéna mélancolique d'Athènes, en fait un monument commémorant une victoire, rappelée ici par une borne ; ou encore le célèbre éphèbe d'Anticythère, en réalité Héraklès cueillant les pommes d'or des Hespérides. Il donna un élégant petit volume de sculptures grecques du musée d'Athènes, publié en 1968. Déjà, en 1966, il avait publié un Art grec, traduit en allemand, en anglais et en italien, où il insista, parmi les tout premiers, sur l'importance de la couleur.

Archéologue et historien, François Chamoux avait reconnu l'importance de Cyrène dès la préparation de sa thèse sur Cyrène archaïque et classique, nourrissant la lecture d'Hérodote de ses observations sur le terrain. Ce livre, publié en 1952, n'a rien perdu de son actualité, et les découvertes récentes viennent tout naturellement s'insérer dans le cadre tracé alors. Fouilleur perspicace, François Chamoux reconnut l'importance du site d'Apollonia de Cyrénaïque, où il travailla d'abord de 1953 à 1955 sous la direction de l'égyptologue Pierre Montet, avant de fonder en 1976 une mission[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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