CHAZEL FRANÇOIS (1937-2022)
Né le 10 décembre 1937 à Paris, François Chazel s’oriente très vite vers la sociologie. Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de lettres classiques, il est appelé par Raymond Boudon à rejoindre le département de sociologie de l’université de Bordeaux en 1966. Il y restera une grande partie de sa vie professionnelle et en deviendra le directeur, avant de gagner, en 1989, le département de sociologie de l’université de Paris-Sorbonne.
Membre de la Revue française de sociologie et de L’Année sociologique, président de la Société française de sociologie (1986-1990), renommé internationalement, il était d’une grande discrétion, ce qui explique certainement que son influence réelle soit aujourd’hui assez méconnue.
Un sociologue singulier
François Chazel occupa cependant une place singulière dans le monde académique tant par ses centres d’intérêt que son positionnement en sociologie. Fait significatif, il ne fut jamais l’homme d’une école ou d’un quelconque clan, ce qui était rare dans les années 1970. À cette époque, où l’internationalisation des sciences sociales était encore bien faible, la sociologie française était dominée par les figures de Raymond Boudon, Pierre Bourdieu, Alain Touraine et Michel Crozier.
Pour autant, cette ouverture ne suffit pas à expliquer la centralité qui sera la sienne dans la discipline. Cette place, il la doit à une érudition impressionnante, mais surtout à ses orientations intellectuelles et au travail qu’il a mené pour développer la sociologie. Sa rencontre après l’agrégation de lettres classiques avec Jean Stoetzel sera décisive. Ce dernier occupe alors la première chaire de sociologie à la Sorbonne, où il s’est donné pour objectif la pleine reconnaissance de la sociologie et de la psychologie sociale comme il a pu l’observer aux États-Unis. Ce n’est pas un hasard s’il conseille à son jeune élève d’effectuer un séjour d’étude à Harvard, de même qu’il l’aidera à rencontrer des auteurs importants comme Paul Lazarsfeld. À un moment où la sociologie américaine était dominante, il choisit surtout de s’intéresser au sociologue qui était de fait l’incarnation de cette domination, à savoir Talcott Parsons (1902-1979). Soutenu par la fondation Thiers, il effectuera un long séjour à Harvard auprès de ce dernier, qui déboucha sur une thèse d’État sous la direction de Stoetzel, La Théorie analytique de la société dans l’œuvre de Talcott Parsons, qu’il publiera en 1974.
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Écrit par
- Patrice DURAN : professeur émérite de sociologie à l'École normale supérieure de Paris Saclay, président du Conseil national de l'information statistique (CNIS)
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