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CHENG FRANÇOIS (1929- )

Poète, romancier, essayiste, traducteur et calligraphe, François Cheng est né en Chine, à Nanchang, le 30 août 1929. Issu d'une famille d'universitaires et de lettrés, le jeune homme, qui connaît la fin de la Seconde Guerre mondiale et la guerre civile en Chine, entre à l'université de Nankin, avant de gagner la France en 1949, où il finira par s'installer. Pendant ses études à la Sorbonne, il est un lecteur assidu à la bibliothèque Sainte-Geneviève où il fait sienne la littérature occidentale classique. Étudiant à l’École pratique des hautes études, il enseigne à son tour dans les années 1960 au Centre de linguistique chinoise – le futur Centre de recherches linguistiques sur l’Asie orientale –, frayant avec Roland Barthes, Julia Kristeva, A. J. Greimas, au côté desquels l’assistant s’initie à la sémiologie. Le dialogue avec Jacques Lacan aura aussi son importance.

François Cheng - crédits : Louis Monnier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

François Cheng

C’est dans le sillage de cette réflexion que François Cheng va rédiger LÉcriture poétique chinoise, suivi dune anthologie des poèmes des Tang (1977), et Vide et plein (1979), un essai sur le langage propre à la peinture chinoise. Le lien entre la calligraphie et l’écriture poétique est naturel ; il conduit à un art dont « les traits expriment à la fois les formes des choses et les pulsions du rêve ; ils ne sont pas de simples contours ; par leurs pleins et leurs déliés, par le blanc qu’ils cernent, par l’espace qu’ils suggèrent, ils impliquent déjà volume (jamais figé) et lumière (toujours changeante) ». Calligraphe (Et le souffle devient signe, 2001), François Cheng est persuadé de raviver le souffle qui anime l’Univers, celui-là même qui inspire sa main en sismographe de l’âme.

Naturalisé français en 1971, François Cheng enseigne à partir de 1974 comme maître de conférences, puis comme professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales. Ses travaux se composent de traductions des poètes français en chinois et des poètes chinois en français, de monographies consacrées à l’art chinois (Chu Ta : le génie du trait, 1986 ; Shitao : la saveur du monde, 1998), d’essais (Cinq Méditations sur la beauté, 2006 ; De l’âme, 2016), de recueils de poésies (dont De l’arbre et du rocher, 1989 ; La vraie gloire est ici, 2015 ; Enfin le royaume, 2018), de romans (Le Dit de Tianyi,1998 ; L'éternité n'est pas de trop, 2002), ainsi que d’un récit autobiographique (Une longue route pour m’unir au chant français, 2022). Dans la préface de À lorient de tout (2005), qui rassemble les recueils Double chant (1998 ; prix Roger-Caillois la même année), Cantos toscans(1999), Qui dira notre nuit(2001), Le Long d'un amour (2003) et Le Livre du vide médian(2004), André Velter estime que François Cheng aura mis vingt ans pour devenir le poète qu'il entendait être, composant en français à partir des années 1980. Un pari prometteur, consistant à « élargir considérablement le rayon de pensée et d'action d'un vocabulaire le plus souvent jaloux de ses limites en lui adjoignant l'immense espace physique, mental et spirituel de la Chine ».

Passeur entre l'Orient et l'Occident, François Cheng est à l'écoute de la vision organique et unitaire de l'univers vivant que propose la pensée taoïste. « Un univers où tout se relie et se tient à partir de l'idée de souffle, unité de base et qui relie entre elles toutes les entités vivantes. On sait que le fonctionnement du souffle est ternaire : le yin, le yang et le vide médian. Ce dernier est le trois taoïste qui, né du deux et drainant la meilleure part du deux, permet à celui-ci de se dépasser et de s'engager dans la voie de la transformation » (entretien avec Lire, décembre 2001). La métaphore décrit le principe même de création du romancier tel qu'il s'exprime dans [...]

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François Cheng - crédits : Louis Monnier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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