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DARLAN FRANÇOIS (1881-1942)

On rappelle encore volontiers une « bonne histoire » qui courait pendant la guerre : « La France a trois amiraux : Esteva, qui n'a jamais connu l'amour ; Darlan, qui n'a jamais connu la mer, et le vrai loup de mer qui a bourlingué toute sa vie et qui, lui, n'a jamais connu Darlan. » Cette ironie est-elle justifiée ? Né à Nérac dans une famille de marins dans laquelle son père, ministre de la IIIe République, est une exception, François Darlan sort de Navale en 1901, bourlingue en Extrême-Orient, est commandant pendant la guerre de 1914-1918 et capitaine de vaisseau en 1926. Le général Catroux reconnaît en lui « un vigoureux homme de mer en même temps qu'un véritable chef d'état-major capable de concevoir, de construire et d'employer une force navale de haute qualité ». Lorsque la guerre éclate, la France dispose d'une flotte magnifique qu'elle doit à Darlan, lequel a été pendant dix ans chef de cabinet militaire au ministère de la Marine et vient d'être promu amiral de la flotte. Il ne joue qu'un rôle secondaire lors de l'armistice. Pourtant, c'est sur son ordre que la marine s'est affirmée hostile à la continuation du combat, alors que la flotte ne s'était pas battue et qu'elle était intacte. Après l'agression de Mers el-Kébir le 3 juillet, qui déchaîne son anglophobie, Darlan penche un moment pour une attaque de Gibraltar. Le maréchal Pétain renvoie Laval le 13 décembre 1940. Darlan ne joue aucun rôle dans cet événement ; il en est pourtant le bénéficiaire. À partir de janvier 1941, il conserve le commandement de la marine, cumule les fonctions de vice-président du Conseil des ministres et de ministre des Affaires étrangères, de l'Intérieur et de l'Information. Il est le dauphin désigné du maréchal Pétain, dont il s'affirme l'exécutant fidèle, prônant la révolution nationale à l'intérieur et la collaboration avec l'Allemagne en politique extérieure. Il installe bon nombre de ses amis, officiers de marine, dans les services publics aux lieu et place de fonctionnaires suspects de n'être pas favorables à la politique du gouvernement. La politique intérieure se teinte de couleur autoritaire : activité des partis suspendue ; création de « commissaires au pouvoir », chargés d'aider à la révolution nationale ; serment de fidélité au chef de l'État exigé des hauts fonctionnaires ; création de la Légion des combattants et du Service d'ordre de la légion (S.O.L.), qui donnera naissance à la milice ; approbation à la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (L.V.F.). Cette politique de collaboration liée à l'évolution de la guerre en Europe culmine avec les protocoles de Paris. En 1941, Darlan autorise l'escale technique en Syrie des avions allemands, puis accorde des facilités d'intendance aux Allemands à Bizerte et à Dakar.

Mais, au début de 1942, il oppose une série de refus aux exigences allemandes : refus d'entrer dans la guerre aux côtés de l'ennemi, protestation officielle contre les frais d'occupation, refus d'envoyer des travailleurs français en Allemagne. Convaincus que toute collaboration est désormais impossible avec Darlan, les Allemands exigent son départ et son remplacement par Laval sous la menace de faire gouverner la France par un gauleiter. D'ailleurs, les ministres de Vichy complotent aussi contre Darlan, détesté pour son autoritarisme et sa vanité, et qu'on accuse d'être de gauche et franc-maçon. Le 18 avril 1942, Laval revient à la tête du gouvernement. Darlan demeure le dauphin et devient chef des forces armées françaises. Lorsque les Américains débarquent au Maroc et en Algérie, le 8 novembre 1942, les troupes françaises respectent les ordres reçus : essayer de s'opposer au débarquement. Venu voir son fils malade, Darlan est à Alger. Traversant[...]

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Écrit par

  • : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression

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