CHARETTE DE LA CONTRIE FRANÇOIS DE (1763-1796)
Charette est incontestablement le chef vendéen le plus connu, et en même temps le plus contesté. Sa courte vie est marquée en effet par des épisodes contradictoires. Après avoir mené une carrière d'officier de marine, et avoir émigré un court laps de temps, il renoue avec sa vie de petit hobereau rural, et refuse d'abord de suivre les paysans venus le chercher pour le placer à leur tête en mars 1793, circonstance qui fera parfois douter de ses convictions. Il arrive à Machecoul peu après le début des massacres de républicains par les Vendéens, ce qui justifiera qu'on l'accuse, au long du xixe siècle, de les avoir organisés. Il maintient jalousement son indépendance vis-à-vis des autres chefs vendéens, notamment d'Elbée et Bonchamps, chefs de la Grande Armée catholique et royale, au point de compromettre certaines opérations et de ne prendre qu'une part trop limitée à l'attaque de Nantes, en juin 1793. Il n'intervient que marginalement dans les grandes batailles de l'automne de 1793 et échappe à la défaite de Cholet en octobre. Ses capacités militaires sont de ce fait mises en doute, même s'il s'empare, un moment, de Noirmoutier.
Chassé par les républicains de la côte atlantique en janvier 1794, il devient alors l'homme des coups de main audacieux et des esquives. Il réussit à contrôler le centre de la Vendée durant l'été de 1794, empêchant les colonnes incendiaires de Turreau de dévaster la région ; mais il devient alors tout aussi célèbre pour son quartier général à Legé et pour la « cour » qu'il tient à Belleville, ornés de ces « amazones », avec lesquelles il danse le soir après le combat. Cette indépendance de caractère qui l'a éloigné des chefs aux mœurs sévères, comme Cathelineau ou Lescure, l'empêche de se rallier au jeune La Rochejaquelein, l'oppose à Stofflet, et le conduit à faire fusiller un autre général vendéen, Marigny, jugé trop indocile ! En février 1795, il est vraiment le « roi » de la Vendée, signant d'égal à égal avec la République française le traité de La Jaunaye, qui accorde la liberté religieuse à la zone qu'il contrôle, et lui reconnaît le droit de commander ses troupes que la République indemnise ! Cette politique de compromis qui va jusqu'à laisser les républicains continuer de guerroyer contre Stofflet, lequel affiche de son côté une intransigeance royaliste, amène certains de ses hommes à se détacher de lui. Pourtant, de son exil, le roi Louis XVIII le fait lieutenant-général du royaume.
Le débarquement de Quiberon, en juin-juillet 1795, le jette à nouveau dans la guerre, mais qu'il fait alors comme chef de bande proscrit. Il est en effet abandonné par le frère du roi, le comte d'Artois, qui refuse de venir commander ses troupes en octobre 1795, alors qu'il s'est installé un temps sur l'île d'Yeu ; il est lâché par les paysans lassés des combats et satisfaits des mesures de pacification religieuse ; il est alors poursuivi par les soldats de Hoche, pris, jugé et fusillé à Nantes (29 mars 1796).
Les multiples facettes de sa personnalité, chef de guerre brillant, séducteur, politique, lui ont composé une légende durable, marquée par des controverses dans lesquelles les partisans de la Vendée n'ont pas craint de se déchirer.
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Écrit par
- Jean-Clément MARTIN : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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