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CUREL FRANÇOIS DE (1854-1928)

Héritier d'une ancienne famille industrielle lorraine, diplômé de l'École centrale des arts et manufactures, ayant dû renoncer après la guerre de 1870 à une carrière d'ingénieur, François de Curel vit en gentilhomme campagnard une semi-retraite sur ses terres ardennaises et partage son temps entre la lecture, la méditation et la chasse. Son goût pour les lettres se concrétise en 1885 par des nouvelles dans La Nouvelle Revue et la Revue du monde latin et par deux romans : L'Été des fruits secs (1885) et Le Sauvetage du grand-duc (1889). Apostrophé par Charles Maurras dans l'Observateur français du 25 avril 1889 : « Au théâtre ! Au théâtre ! Monsieur de Curel », il écrit la même année sa première œuvre dramatique, Sauvé des eaux, et, quelques mois plus tard, La Figurante, pièces qui sont refusées par les lecteurs du Théâtre-Français et de l'Odéon. Il envoie alors ces deux pièces plus une troisième, L'Ortie (1891), sous trois signatures différentes à Antoine, qui les accepte toutes. Il aborde le public et la critique avec L'Envers d'une sainte, représentée le 25 janvier 1892 au Théâtre-Libre. Sa réputation d'auteur dramatique est désormais établie et ses pièces se succèdent sur les plus célèbres scènes parisiennes. Il est élu le 16 mai 1918 à l'Académie française au fauteuil de Paul Hervieu.

Sa production dramatique peut se diviser en trois courants : d'une part, une série de pièces à caractère social et familial jouées entre 1892 et 1897 (L'Envers d'une sainte, Les Fossiles, L'Invitée, Sauvé des eaux, La Figurante, Le Repas du lion) ; d'autre part, des œuvres où sont discutés des problèmes philosophiques et moraux (La Nouvelle Idole, 1899 ; La Fille sauvage, 1902 ; Le Coup d'aile, 1906 ; L'Âme en folie, 1919 ; La Comédie du génie, 1921 ; L'Ivresse du sage, 1922) ; enfin, des drames de la guerre inspirés de la tragédie mondiale de 1914-1918 (Terre inhumaine, 1922 ; La Viveuse et le Moribond, 1926).

François de Curel est un représentant du drame d'idées dont les maîtres sont, en cette fin du xixe siècle, Ibsen et Maeterlinck. Avec son époque, il évolue du réalisme du Théâtre-Libre au symbolisme. Dédaigneux des règles scéniques, il fonde la valeur dramatique de son théâtre sur son art de « dénouer les situations délicates par des catastrophes d'idées, au lieu de placer les coups de théâtre dans les faits », d'où certaines maladresses dans la construction. L'intrigue reste souvent gauche et invraisemblable, tenant parfois du mélodrame, mais les idées sont toujours exposées avec force, clarté et logique dans un style vigoureux, solide et hautain. Théâtre d'aristocratie morale certes, mais aussi de vérité humaine qui, dans ses meilleurs moments, réalise l'équilibre entre l'action et l'idée.

— Hélène LACAS

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  • DRAME - Drame bourgeois

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    ... siècle, le genre se ressent des critiques contre la société bourgeoise. Ce sont moins des valeurs que des intérêts que défend Le Repas du lion de François de Curel (1897). L'auteur, propriétaire d'un vaste domaine lorrain, apparenté à des maîtres de forges, ne simplifie pas un sujet qu'il connaît...