LA ROCQUE FRANÇOIS DE (1885-1946)
Fils de général et frère d'officiers, François de La Rocque sort de Saint-Cyr en 1907. Durant la Première Guerre mondiale, il se trouve dans l'Atlas marocain. Grièvement blessé, en 1916, il rejoint le front de France. Après un passage à l'état-major du maréchal Foch, il suit Weygand en Pologne, au cours de la campagne contre l'Armée rouge, puis Pétain dans le Rif. Il revient en France et démissionne en 1928, avec le grade de lieutenant-colonel, ayant mérité onze citations et la cravate de commandeur de la Légion d'honneur. C'est alors qu'il s'approche, avec circonspection, du mouvement Croix-de-Feu, groupuscule d'anciens combattants, manipulé par le propriétaire du Figaro François Coty. Ayant brisé ce patronage, à partir de juillet 1932, François de La Rocque entreprend d'orienter le mouvement vers une action publique pour rassembler les « énergies françaises ». Les gauches, abusées par les défilés en bon ordre et le cérémonial auquel étaient habitués les anciens combattants, confondent sous la même qualification de ligue combattante instrument de projets subversifs, les Croix-de-Feu avec les mouvements d'extrême droite (Camelots du roi, Jeunesses patriotes). Le 6 février 1934, à Paris, par son attitude légaliste, La Rocque fait mentir ce procès d'intention : en refusant de se joindre aux émeutiers et d'attaquer le Palais-Bourbon, il évite la guerre civile et préserve le régime républicain, ce que certains dirigeants (Daladier, Blum) reconnaîtront plus tard. Le climat de tensions des années suivantes amène le gouvernement Blum, en juin 1936, à prononcer la dissolution des Croix-de-Feu, mouvement alors gros d'un million de membres. Le Parti social français (P.S.F), qui lui succède, est surtout engagé dans une mission de service social, mettant en œuvre le projet politique que son chef avait exposé dans Service public (1934).
À la veille même de l'armistice, La Rocque lance, dans Le Petit Journal, son appel : « Résistance ». Après la défaite, il donne la double consigne d'un loyalisme public au maréchal Pétain et de la distance vis-à-vis de son gouvernement. Lui-même, avec quelques proches, anime un réseau de renseignements baptisé Klan, est arrêté par la Gestapo à Clermont-Ferrand, le 9 mars 1943 et déporté en Allemagne. Libéré au soir du 8 mai 1945, il est interné, sans mandat, dès son retour en France. Mis en résidence forcée en janvier 1946, il meurt des suites d'une opération le 28 avril 1946, laissant un ouvrage de souvenirs et de projets : Au service de l'avenir. En 1961, le général de Gaulle lui fait reconnaître la qualité de « déporté-résistant », écrivant à Mme de La Rocque qu'il sait que « les épreuves et le sacrifice [de son mari] furent offerts au service de la France ».
Bibliographie
J. Nobécourt, Le Colonel de La Rocque, ou les Pièges du nationalisme chrétien, Fayard, Paris, 1996.
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Écrit par
- Jacques NOBÉCOURT : historien, journaliste honoraire
Classification
Médias
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