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FRANÇOIS DE SALES (1567-1622)

Évêque d'un diocèse savoyard dont plus de la moitié des fidèles étaient passés au calvinisme, François de Sales eut à se poser, dans un contexte difficile, le problème de la lutte contre la Réforme. Il eut le mérite de comprendre rapidement que les méthodes de controverse alors en faveur conduisaient rarement à des résultats solides, et que la puissance de diffusion du calvinisme venait de l'intense vie intérieure de beaucoup de ses membres, dont on ne trouvait guère l'équivalent dans un catholicisme trop politisé. Il mit donc au premier plan de ses préoccupations la rénovation de la vie spirituelle dans le milieu catholique. Ses efforts en ce sens trouvèrent un terrain favorable dans le mouvement de renouveau chrétien qui se manifesta au lendemain des guerres de religion. Son exceptionnelle personnalité, la richesse de son intelligence et sa culture l'amenèrent rapidement à y prendre une place prépondérante. À une époque où la plus grande partie du clergé était bien loin de répondre aux exigences de sa mission, la sainteté de François de Sales fit de lui un modèle de l'épiscopat, et la vénération générale l'entoura. Les nécessités de l'apostolat et de la direction le déterminèrent non seulement à fonder l'ordre de la Visitation, mais surtout à devenir l'un des premiers grands auteurs spirituels de langue française. De plus, il manifeste des dons littéraires remarquables. À tous ces titres, François de Sales demeure l'une des hautes figures du catholicisme européen de la période moderne.

Au-delà de la controverse

Né de François de Boisy et de Françoise de Sionnaz, François reçut à sa naissance le nom de Sales, du lieu de sa naissance, le château de Sales près de Thorens : il appartenait à la bonne noblesse savoyarde. L'aîné de neuf frères et sœurs, il eut comme premier précepteur le chapelain du château, Jean Déage, qu'il garda auprès de lui jusqu'à la mort de celui-ci en 1610. Élève au collège de La Roche en 1574, puis à celui d'Annecy en 1576, il vint en 1582 terminer ses études à Paris, chez les jésuites du Collège de Clermont. C'est là qu'à la fin de 1586 il traversa une terrible tentation de désespoir, due à l'incertitude au sujet de sa prédestination ; il en sortit par un acte de total abandon à Dieu.

Après qu'il eut achevé sa philosophie, son père l'envoya, durant l'été 1588, à Padoue où il étudia le droit et commença en outre, par goût personnel, des études de théologie. Il était dès lors attiré par le sacerdoce et, à son retour en Savoie, au printemps 1592, il obtint de son père l'autorisation d'entrer dans les ordres. Pour satisfaire aux ambitions familiales, il accepte de devenir prévôt de l'église Saint-Pierre de Genève, riche prébende qui fait de lui le deuxième personnage du diocèse, et il reçoit la prêtrise le 18 décembre 1593. L'évêque de Genève résidant à Annecy, Claude de Granier, l'entoure d'amitié et d'estime, et lui confie d'abord une difficile mission de conversion des protestants dans la région de Chablais. Pendant quatre ans, François s'adonne à la controverse, et même rencontre trois fois à Genève le fameux Théodore de Bèze. Il obtient quelques succès, mais comprend progressivement combien il importe de placer le combat sur un terrain plus intérieur, et il commence à se vouer avec passion à la direction de quelques âmes choisies. En octobre 1597, il consent à devenir le coadjuteur de son évêque. Celui-ci lui confie diverses missions délicates, d'abord à Rome, où Clément VIII le nomme coadjuteur de Genève (mars 1599), puis en janvier 1602, à Paris, auprès d'Henri IV. Il y fréquente le milieu dévot groupé autour de Mme Acarie et de Bérulle, et déjà il jouit d'un grand crédit. Au cours de son voyage de retour, en septembre[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut catholique de Paris

Classification

Autres références

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