DU QUESNOY FRANÇOIS (1597-1643)
Né à Bruxelles, d'origine flamande, François du Quesnoy fut l'un des plus importants sculpteurs actifs à Rome dans la première moitié du xviie siècle, à l'égal de Bernin, de l'Algarde et de Mochi. Comme son frère cadet, Jérôme le Jeune (1602-1654), il avait été formé à Bruxelles, sa ville natale, par son père, Jérôme l'Ancien (vers 1570-1641 ou 1642), l'auteur du Manneken-Pis, avec lequel il collabora au début de sa carrière. Aucune œuvre autographe réalisée durant cette période par François du Quesnoy n'a pu encore être identifiée.
Un Flamand à Rome
En 1618, grâce à une pension de l'archiduc Albert, François du Quesnoy se rendit à Rome pour étudier l'Antique et les maîtres modernes, comme Michel-Ange et Raphaël. Bien que privé de subsides par la mort de l'archiduc en 1621, il décida de rester à Rome. Sa production était alors constituée de sculptures de petit format, en terre cuite, en ivoire, en bronze et parfois en marbre, destinées à une clientèle d'amateurs. De ces œuvres, très peu sont identifiées de façon certaine. Dès cette époque, le sculpteur se fit connaître pour ses figures de petits enfants, appelés putti, en ronde bosse ou en relief, qui établirent définitivement sa réputation dans ce genre. En 1626, il partageait un logement avec Nicolas Poussin et, selon leurs biographes, les deux artistes étudiaient ensemble non seulement l'antique, mais aussi la peinture contemporaine. Du Quesnoy réalisa ainsi des reliefs mettant en scène des putti inspirés de sarcophages antiques et de L'Offrande à Vénus de Titien, alors conservée à Rome. Sa Bacchanale d'enfants avec une chèvre (1626 ; galerie Doria Pamphili, Rome) fait écho également aux Bacchanales d'enfants que Poussin peint au même moment. Le relief de L'Amour sacré terrassant l'Amour profane (galerie Doria Pamphili, Rome), exécuté postérieurement, est une composition claire présentant un modelé subtil de la surface du marbre : il témoigne du classicisme qui imprègne progressivement l'œuvre de Du Quesnoy et que l'on retrouve dans les cénotaphes sculptés pour l'église Santa Maria dell'Anima, en particulier celui de Ferdinand Van den Eynde (1635-1640 ou 1642).
Du Quesnoy est en effet, avec les peintres Nicolas Poussin et Andrea Sacchi, l'un des principaux représentants du mouvement classicisant qui apparaît à Rome vers 1630, se distinguant du courant qui se développe autour de Bernin, de Pierre de Cortone et de Borromini et qui sera qualifié plus tard de « baroque » par les historiens. La Sainte Suzanne de Du Quesnoy (1629-1630 ; Santa Maria di Loreto, Rome) est l'une des œuvres les plus caractéristiques de ce premier courant. Le théoricien du classicisme Giovan Pietro Bellori (1613-1696) a prêté à cette œuvre un rôle clé dans son étude sur François du Quesnoy (in Vies des peintres, sculpteurs et architectes modernes, 1672) : au mépris de la vérité historique, il a prétendu que le succès de la Sainte Suzanne avait entraîné la commande à l'artiste du Saint André, à la croisée du transept de Saint-Pierre de Rome. Inspirée des statues antiques de femmes vêtues et en particulier de l'Uranie du Capitole, la Sainte Suzanne est représentative de l'art romain moderne. Elle exprime en effet la foi fervente du catholicisme triomphant : la tête tournée vers la gauche, la statue s'adresse au fidèle qui pénètre dans le sanctuaire et, de sa main, lui indique l'autel. La chemise très fine qui laisse apparaître la poitrine et le manteau dont le drapé souligne la sinuosité de l'attitude ont conduit les contemporains à considérer cette sculpture comme digne de rivaliser avec les plus belles antiques.
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Écrit par
- Marion BOUDON : historienne de l'art
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