DUVALIER FRANÇOIS (1909-1971)
François Duvalier fut le président à vie de la république d'Haïti de 1957 à 1971. Quatorze ans de dictature l'ont fait connaître sur la scène internationale. Né en avril 1909 à Port-au-Prince, François Duvalier ne fait guère parler de lui dans sa jeunesse : ses années d'études et ses premières activités sont d'ailleurs peu connues. On sait seulement que, devenu médecin, il travaille quelque temps pour la mission sanitaire américaine qui s'efforce de combattre la malaria. Ministre de la Santé publique en 1946, du temps de Dumarsais Estimé, il se retire du gouvernement quand le président Magloire assume le pouvoir.
Mécontente de la gestion de ce dernier, l'armée décide d'intervenir par une manière de « coup d'État électoral », force le président à s'exiler aux États-Unis et organise des élections. Trois candidats sont en lice et, le 22 septembre 1957, François Duvalier est élu président de la République. Mais, contrairement aux attentes des militaires, le petit médecin effacé, timide et sans grande personnalité qu'ils pensaient pouvoir aisément manœuvrer se révèle rapidement un homme d'une poigne telle qu'il aura tôt fait de soumettre Haïti à un régime particulièrement répressif.
Autoritaire et mégalomane, François Duvalier assoit son pouvoir sur la terreur qu'inspirent les célèbres « tontons macoutes », milice toute à sa dévotion qu'il a mise sur pied pour contrecarrer l'influence des militaires. Il utilise également avec habileté les croyances populaires et favorise l'emprise du vaudou sur un peuple en grande majorité analphabète. La « négritude » dont il se réclame à tous vents n'est en réalité qu'une imposture, mais elle le sert dans ses desseins personnels ; il s'appuie en effet sur les Noirs contre les mulâtres.
En 1958, l'état de siège est décrété en Haïti, puis périodiquement reconduit. En 1961, François Duvalier voit son mandat prolongé de cinq ans, puis il se fait, en 1964, simplement proclamer président à vie. Le gouvernement de « Papa Doc » connaît cependant de sérieux démêlés avec la république Dominicaine voisine, avec le Vatican en 1961, à la suite de l'expulsion successive de deux évêques, et même avec les États-Unis, qui suspendent en 1962 leur aide économique à Haïti ; les intrigues et les complots (vrais ou faux) se succèdent en 1968, 1969, 1970 et 1971 : à chaque fois, le dictateur en réchappe, mais ses adversaires sont passés par les armes sans autre forme de procès.
Sentant pourtant sa fin proche après deux attaques cardiaques, un infarctus et une demi-paralysie, « Papa Doc » réussit une ultime manœuvre politique. Le 15 janvier 1971, l'Assemblée nationale l'autorise à nommer son fils Jean-Claude Duvalier comme successeur. François Duvalier meurt en ayant assuré sa succession, mais il laisse derrière lui un pays où le revenu par habitant est l'un des plus bas du monde.
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Écrit par
- Jean-Claude BUHRER : journaliste
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Média
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