FILLON FRANÇOIS (1954- )
Une carrière sinueuse
À l'heure des choix, François Fillon se range du côté d'Édouard Balladur dans la course à l'élection présidentielle de 1995. Il prenait ainsi le contre-pied de Philippe Séguin, l'un des principaux soutiens de l'autre candidat du RPR, Jacques Chirac. Ce revirement lui sera souvent reproché, mais il ne devait rien à ce dernier, et conservait l'amitié du premier. Après la victoire de Jacques Chirac, Fillon sera ainsi l'un des rares ministres « balladuriens » à se maintenir au gouvernement : on lui attribue le ministère des Technologies de l'information et de la Poste. L'échec de la dissolution de l'Assemblée nationale, en 1997, coupe net sa carrière de ministre. Deux ans plus tard, la démission de Philippe Séguin de la direction du RPR le rejette à nouveau dans la minorité de son parti. Ce qui aurait pu signer la fin de sa carrière nationale lui offrira un second souffle. Dorénavant émancipé de son maître en politique, François Fillon refuse de s'allier à Nicolas Sarkozy pour la conquête du parti et se porte seul candidat à sa tête devant les militants. Avec 25 % des voix, il échoue face à Michèle Alliot-Marie, mais représente désormais une figure incontournable de la droite française. Il est appelé à devenir l'un des principaux artisans du programme du candidat Chirac lors de la présidentielle de 2002, et l'un des membres fondateurs du nouveau parti unifié de la droite, l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), au lendemain de la victoire.
Cette période fut le moment pour François Fillon d'opérer un recentrage idéologique qui le rapprocha des thèses et des pratiques libérales en économie. Après avoir initié l'ouverture du capital de France Télécom en 1997, il le prouvera à nouveau en 2003 en qualité de ministre des Affaires sociales du gouvernement Raffarin. En effet, malgré une vive contestation sociale dans la rue, il mène à bien une réforme des retraites visant l'allongement de la durée de cotisation à quarante ans pour les fonctionnaires, ainsi alignés sur le régime général, et à quarante et un ans pour l'ensemble des actifs en 2012. En revanche, devenu ministre de l'Éducation nationale après la débâcle des élections régionales de 2004 (à laquelle il n'échappe pas), il doit reculer face à un vaste mouvement lycéen et étudiant d'opposition à sa loi d'orientation sur l'école et sa réforme du baccalauréat. Cet échec ne lui sera pas pardonné : il est renvoyé du gouvernement lors du remaniement ministériel qui fait suite au référendum malheureux sur le traité constitutionnel européen de 2005. Non sans amertume, François Fillon libère sa parole tout en se mettant au service de celui qui fut longtemps son rival pour le leadership politique et idéologique de la droite : Nicolas Sarkozy. Il publie un ouvrage qui est autant un programme qu'un acte d'accusation contre le chiraquisme ; il s'y prononce en faveur du régime présidentiel. Il dirige l'élaboration du projet législatif de son candidat à la présidentielle. Le 17 mai 2007, à cinquante-trois ans, François Fillon est nommé Premier ministre par le nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy.
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Écrit par
- Arnault SKORNICKI : maître de conférences en science politique, université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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