Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FILLON FRANÇOIS (1954- )

Un destin national

Le nouveau chef du gouvernement fait très rapidement l'expérience du peu de marge de manœuvre que le président de la République est disposé à lui laisser. Par tempérament comme par conviction, Nicolas Sarkozy n'est pas homme à partager ni même à déléguer le pouvoir, et le présidentialisme naturel du régime s'en trouve d'autant plus accentué. Mais cet effacement contraint, et souvent signifié sans ménagement, du Premier ministre a épargné à celui-ci l'usure du pouvoir, et lui a permis de conserver un crédit dans l'opinion plutôt insolite au regard de ses fonctions. La constance de sa popularité au sein de la majorité a finalement rendu François Fillon indispensable à Nicolas Sarkozy, au point de contraindre ce dernier à renoncer à son remplacement lors du remaniement gouvernemental de novembre 2010. Lors de la campagne pour la présidentielle de 2012, François Fillon soutient la candidature de Nicolas Sarkozy, mais sans forcer sa nature, sobre et discrète. La défaite de ce dernier face au candidat socialiste François Hollande en mai 2012 conduit à une bataille pour le leadership du mouvement néo-gaulliste entre ceux qui revendiquent l’héritage de l’ancien président et ceux qui souhaitent s’en démarquer, parmi lesquels François Fillon.

En juin 2012, ce dernier est élu député de Paris. Lors de l'élection à la présidence de l'UMP en novembre 2012, il est battu par le secrétaire général du mouvement Jean-François Copé, à l'issue d'un vote des militants très contesté. Il annonce alors la création d'un groupe parlementaire autonome, le Rassemblement-UMP, en attendant l'organisation d'un nouveau scrutin. Parvenu à un premier accord avec son rival, il dissout son groupe en janvier 2013, accepte le vote des militants qui, en juin 2013, se prononcent pour le maintien de Jean-François Copé à la tête du parti (celui-ci sera contraint à la démission en mai 2014), tout en se positionnant pour la primaire au sein de l’UMP en vue de la désignation du candidat à la présidentielle de 2017. En 2013, après avoir renoncé à se présenter à la mairie de Paris, il a en effet annoncé officiellement son intention de briguer la magistrature suprême. Crédité par les sondages d’un score moyen, il crée la surprise en remportant le premier tour de la primaire et du centre, le 20 novembre 2016, avec 44,1 % des suffrages exprimés. Une semaine plus tard, il gagne largement le second tour devant Alain Juppé, avec 66,5 % des suffrages exprimés.

François Fillon au Trocadéro, 2017 - crédits : Aurelien Meunier/ Getty Images

François Fillon au Trocadéro, 2017

Alors qu’il apparaissait comme le favori dans la course à l’Élysée, François Fillon fait face à des ennuis judiciaires qui viennent bouleverser sa stratégie de campagne. Après la révélation en janvier 2017 par Le Canard enchaîné de soupçons d’emplois fictifs concernant son épouse Penelope, alors qu’il était député, une information judiciaire est ouverte le mois suivant pour « détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel, trafic d’influence et manquements aux obligations de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ». Faisant le choix de maintenir sa candidature malgré sa mise en examen en mars, il obtient 19,9 % des suffrages lors du premier tour de la présidentielle le 23 avril 2017, devancé par Emmanuel Macron et Marine Le Pen. En novembre 2017, il se retire de la présidence du club de réflexion, Force républicaine, qu’il avait créé en 2001, mettant fin à sa carrière politique. Le procès des époux Fillon et de Marc Joulaud, ex-suppléant de François Fillon à l’Assemblée nationale, se tient à partir de 2020. Après avoir épuisé tous les recours, il est définitivement reconnu coupable par la Cour de cassation, en avril 2024, ainsi que les deux autres prévenus.

Après son retrait de la vie politique, François Fillon est entré au conseil d’administration[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître de conférences en science politique, université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Média

François Fillon au Trocadéro, 2017 - crédits : Aurelien Meunier/ Getty Images

François Fillon au Trocadéro, 2017

Autres références

  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Chirac (1995-2007)

    • Écrit par
    • 9 350 mots
    • 6 médias
    ...toujours aux avant-postes et décidé à le faire savoir, qui entend contrôler de près l'action de son équipe ministérielle, avec l'aide du Premier ministre François Fillon et du secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant. Le gouvernement, préparé depuis plusieurs jours par le président et son futur Premier...
  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Sarkozy (2007-2012)

    • Écrit par
    • 5 662 mots
    • 2 médias
    ...la veille de l'élection de 2012 (34 p. 100 de satisfaits en décembre 2011, 36 p. 100 en avril 2012). Dans le même temps, tout au long du quinquennat, l'image de François Fillon est nettement plus positive (presque toujours plus de 50 p. 100 de satisfaits). Le volontarisme politique de Nicolas Sarkozy...
  • FRANCE - L'année politique 2017

    • Écrit par
    • 5 367 mots
    • 12 médias
    ...Républicains, rencontrent des difficultés inédites. Parues le 25 janvier, les premières révélations contenues dans un article du Canard enchaîné sur François Fillon, le candidat des Républicains, aboutissent le 14 mars à sa mise en examen pour des motifs graves : « détournement de fonds publics », « complicité...
  • FRANCE - L'année politique 2016

    • Écrit par
    • 4 170 mots
    • 4 médias
    ...Cette primaire a remporté un succès inattendu, mobilisant 4 272 880 votants au premier tour et 4 404 812 au second. Avec 44,1 p. 100 des voix, François Fillon a largement distancé Alain Juppé (28,6 p. 100) au premier tour. Contrairement aux prévisions, l’ancien président Nicolas Sarkozy a essuyé...
  • Afficher les 9 références