GUIZOT FRANÇOIS (1787-1874)
Né à Nîmes, d'un père protestant victime de la Terreur, Guizot reçoit une éducation austère à Genève. À Paris, son mariage avec une femme de lettres, Pauline de Meulan, l'engage dans la littérature. En 1812, professeur d'histoire moderne à la Sorbonne, il devient le disciple de Royer-Collard, dont l'amitié, après 1814, le pousse dans la haute administration : secrétaire général au ministère de l'Intérieur puis à celui de la Justice, conseiller d'État, enfin directeur de l'administration départementale et communale. Au sein du groupe doctrinaire, il inspire la législation libérale de 1819-1820. Ecarté du gouvernement après la chute de Decazes, il combat le ministère Richelieu et plus encore celui de Villèle. Interdit d'enseignement, de 1822 à 1828, il écrit ses grandes œuvres historiques (Histoire de la révolution d'Angleterre, Histoire de la civilisation en Europe, Histoire de la civilisation en France), édite des textes anciens anglais et français, publie des traductions, des brochures de polémique, des articles de revues. À la fin de 1827, il fonde la société « Aide-toi, le Ciel t'aidera » pour coordonner l'action des libéraux dans les élections. Élu député de Lisieux en janvier 1830, il combat le ministère Polignac ; il sera le rédacteur de la protestation des députés contre les ordonnances de Juillet. Ministre de l'Intérieur dans le premier gouvernement de la monarchie de Louis-Philippe, Guizot s'affirme comme théoricien et dirigeant du parti de la « résistance » qui s'oppose à celui du « mouvement » et à une évolution démocratique du régime. Ministre de l'Instruction publique dans les gouvernements successifs de 1832 à 1837, il généralise l'enseignement primaire (loi de juin 1833), ressuscite l'Académie des sciences morales et politiques, crée la Société de l'histoire de France et le Service des monuments historiques. Mais il sera écarté par Molé et le roi, comme trop exigeant et rigide (avr. 1837). En février 1840, il est envoyé à Londres comme ambassadeur, mais en est rappelé dès octobre pour prendre les Affaires étrangères et résoudre la crise provoquée par la politique imprudente de Thiers dans la question d'Orient. Il gardera son portefeuille jusqu'à la fin du régime et se comportera de fait comme le véritable chef du gouvernement sous la présidence nominale du maréchal Soult, qui lui abandonnera le titre de président du Conseil en septembre 1847. Guizot gouverne en plein accord avec le roi ; il s'appuie sur une majorité factice, composée en grande partie de fonctionnaires dociles et de députés élus par un système censitaire qui permet de manipuler les élections. À l'extérieur, sa politique reste résolument pacifique ; sa politique intérieure, très impopulaire, demeure obstinément conservatrice, et repousse en particulier toute modification du système électoral. Il est renversé par la révolution de février 1848 et entraîne le régime dans la chute que son immobilisme a provoquée. Réfugié d'abord à Londres, il rentre bientôt en France et y connaît une longue vieillesse sereine, tout occupée de travaux littéraires, parmi lesquels ses Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps (9 vol.).
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Écrit par
- Guillaume de BERTHIER DE SAUVIGNY : professeur à l'Institut catholique de Paris
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