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HARTOG FRANÇOIS (1946- )

François Hartog - crédits : Hannah Assouline/ Opale.photo

François Hartog

François Hartog est un des rares historiens à cumuler deux compétences : celle d’un spécialiste de l’Antiquité grecque et celle d’un historien du temps présent. Lorsqu’il est élu en 1987 comme directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), c’est sur une chaire d’historiographie ancienne et moderne, domaine longtemps resté marginal, qu’il va se hisser au rang d’incontournable dans les études historiques.

Né le 17 juillet 1946 à Albertville, il aura eu un parcours d’excellence : ancien élève de l’École normale supérieure, il décroche l’agrégation d’histoire en 1971 et entre comme pensionnaire à la fondation Thiers (1973-1975). Nommé assistant en 1975 à l’université de Strasbourg, il devient professeur des universités à Metz, jusqu’à son élection à l’EHESS en 1987, où se déroulera le reste de sa carrière. François Hartog sera l’un des piliers de deux équipes de recherche : le Groupe d’études sur les historiographies modernes (GEHM) et le Centre Louis-Gernet de recherches comparées sur les sociétés anciennes, créé en 1962 par Jean-Pierre Vernant, dont il assumera la direction entre 1996 et 2000, succédant à Pierre Vidal-Naquet.

Interroger la Grèce antique

Le parcours de François Hartog s’inscrit ainsi dans la filiation de Pierre Vidal-Naquet et de Jean-Pierre Vernant. Sa rencontre avec le premier remonte à 1968-1969. Celui-ci incite Hartog à passer l’agrégation non de lettres classiques, mais d’histoire, puis lui propose de traduire un ouvrage de Moses Finley, Les Premiers Temps de la Grèce. L'âge du bronze et l'époque archaïque. C’est l’occasion pour lui de se rendre à Cambridge et de faire la connaissance de Finley. Avant de s’engager dans des recherches textuelles, Hartog bénéficie de la bourse de la fondation Singer-Polignac pour un voyage lointain d’une année, en 1972-1973. Il part découvrir l’Asie, sillonnant l’Indonésie avec le regard de l’ethnologue, métabolisant l’idée de ce qui deviendra sa thèse, soit une réflexion sur Hérodote dans son rapport à ceux qui, dans le monde grec, sont les plus éloignés de lui, les Scythes. À cette occasion, il retrouve la démarche d’un autre de ses maîtres, Michel de Certeau, avec ses études sur les récits de voyage de Jean de Léry. Le contact avec Finley est également fondamental pour Hartog, car il renouvelle la relecture de ce qui fut une grande question du xixe siècle : pourquoi les Grecs ne sont-ils pas devenus une nation ?

Ce voyage au lointain déplace le point de vue d’Hartog sur le rapport qu’Hérodote entretient à l’autre. En 1979, à Besançon, il soutient sa thèse sous la direction de Pierre Lévêque avec un jury composé de Pierre Vidal-Naquet, Jean-Pierre Vernant, Michel de Certeau, Françoise Dunand et un épigraphiste originaire de Pise, Giuseppe Nenci. Hartog montre comment Hérodote, présenté comme le père de cette discipline, fait naître l’histoire comme genre à part entière en mettant en place une véritable rhétorique de l’altérité. Cette thèse sera publiée dès 1980 sous le titre Le Miroir d’Hérodote. Essai sur la représentation de l’autre.

François Hartog a publié nombre d’ouvrages majeurs : sur Homère (Mémoire d’Ulysse. Récits sur la frontière en Grèce ancienne, 1996) ; Plutarque (dont il a dirigé et préfacé l’édition des Vies parallèles, 2001) ; Fustel de Coulanges (Le xixe Siècle et l’Histoire. Le cas Fustel de Coulanges, 1988, 2001) ; Renan (La Nation, la religion, l’avenir. Sur les traces d’Ernest Renan, 2017). On lui doit aussi des réflexions sur l’histoire et le temps : Anciens, modernes, sauvages (2005), Évidence de l’histoire, (2005), Croire en l’histoire (2013), Chronos. L’Occident aux prises avec le temps (2020), Confrontations avec l’histoire (2021). Ce dernier ouvrage fait notamment place aux[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université Paris-XII, chercheur associé à l'Institut d'histoire du temps présent

Classification

Média

François Hartog - crédits : Hannah Assouline/ Opale.photo

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