BERNIS FRANÇOIS JOACHIM DE PIERRE cardinal de (1715-1794)
Issu d'une famille noble et pauvre du Vivarais, François Joachim de Pierre de Bernis s'oriente vers la carrière ecclésiastique. Chanoine de Brioude, puis comte de Lyon, il se rend à Paris en 1735. Ecclésiastique sans bénéfice, homme de lettres galant (surnommé « Babet la bouquetière » par Voltaire), il ne peut rien obtenir de Fleury, mais il attend son heure. Remarqué par Mme de Pompadour, il est nommé ambassadeur à Venise en 1752. Rappelé à Versailles, il devient l'agent personnel de la marquise pour tous les problèmes de politique étrangère et contribue, en dépit de son opinion personnelle, semble-t-il, au rapprochement franco-autrichien lors du traité de Versailles de 1756 qui engage la France dans la guerre de Sept Ans. Secrétaire d'État aux Affaires extérieures, il doit céder la place à Choiseul quand, après Rosbach, l'alliance avec l'Autriche est critiquée. Il ne se fait guère d'illusions sur la situation du royaume : « Tout ceci se décompose, écrit-il à Choiseul ; on a beau étayer le bâtiment d'un côté, il croule de l'autre. Je suis excédé de la platitude de notre temps. Ceci ressemble à la fin du monde. Il me semble être le ministre des Affaires étrangères des Limbes. » Pierre de Bernis est disgracié mais obtient le chapeau de cardinal. Il vit en exil dans son abbaye de Saint-Médard jusqu'à la mort de Mme de Pompadour. Louis XV le nomme archevêque d'Albi en 1764 puis l'envoie à Rome en 1769 en qualité d'ambassadeur. Protecteur des églises de France, il contribue à la dispersion des Jésuites. Il fait ouvrir à Albi, à ses frais, une école de filles et un collège où la scolarité est gratuite.
La Révolution le trouve toujours ambassadeur à Rome. Et ce charmant abbé de cour, ami des belles-lettres et des jolies femmes, se trouve au centre d'une action bien lourde de conséquences. Alors que le pape Pie VI se montre d'abord assez disposé à rechercher par la négociation un compromis avec la Constituante, Bernis se fait l'âme du parti hostile à la Révolution, pousse le pape à l'intransigeance et l'amène enfin, contre le vœu de la grande majorité du clergé français, à refuser et à condamner la constitution civile du clergé. Il accueille dans son ambassade un grand nombre d'émigrés ainsi que les tantes de Louis XVI un peu plus tard. Privé de son archevêché et de ses abbayes, il refuse de prêter serment et se voit réduit à accepter une pension à la cour d'Espagne. Son mausolée se trouve à l'église Saint-Louis-des-Français à Rome. Voltaire, qui appréciait Bernis, a entretenu avec lui une correspondance, publiée en 1799. Roger Vaillant a publié en 1956 un Éloge du cardinal de Bernis, aussi amusant et instructif que partial.
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Écrit par
- Louis TRENARD : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lille
Classification
Autres références
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PIE VI, GIANNANGELO BRASCHI (1717-1799) pape (1775-1799)
- Écrit par André DUVAL
- 429 mots
D'une noble famille de Cesena, Giovanni Angelico (Giannangelo) Braschi fut élevé par les Jésuites. Juriste, il devint secrétaire du cardinal Raffo en 1740, puis secrétaire papal et chanoine de Saint-Pierre en 1755 ; il ne fut ordonné prêtre qu'en 1758. Nommé trésorier de l'...