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LEMOYNE FRANÇOIS (1688-1737)

Peintre français. François Lemoyne se distingue immédiatement des autres peintres de sa génération par deux traits singuliers : aucune tradition artistique dans sa famille, son père est tout bonnement postillon ; une formation entièrement française ; il ne fera le voyage d'Italie que vers trente-cinq ans. Ses maîtres furent Galloche et Cazes, mais à vrai dire les collections royales étaient assez riches pour qu'un jeune peintre au début du xviiie siècle pût, en les étudiant, y acquérir la connaissance de toutes les écoles. La toute récente querelle du coloris avait remis en vogue Rubens ; il semble bien que Lemoyne ait profité des enseignements de la galerie du Luxembourg tout autant que Watteau.

Sa carrière, qui débute avec aisance puisqu'il est reçu académicien dès 1718 (son morceau de réception, Hercule assommant Cacus, a été mis en dépôt à l'École des beaux-arts de Paris par le musée du Louvre), lui ménagea pourtant plusieurs grandes déceptions. En 1719, il se vit préférer Pellegrini pour l'importante commande qu'était le plafond de la Banque royale. Lors du concours institué en 1727 entre les académiciens, la Continence de Scipion (actuellement au musée de Nancy) présentée par Lemoyne obtient un vif succès, mais le Repos de Diane de son rival Jean-François de Troy (également à Nancy) n'en rencontre pas un moindre. Sa consécration, Lemoyne l'obtiendra quand, en 1736, après plusieurs années de travail, il montrera le plafond du salon d'Hercule à Versailles. Ce fut un triomphe, qui lui valut d'être immédiatement nommé premier peintre ; l'excès des fatigues avait probablement aggravé les tourments d'un caractère inquiet, car, arrivé ainsi au sommet, Lemoyne se suicida en 1737.

Le salon d'Hercule prouve qu'en perdant Lemoyne la France se trouvait privée d'un maître qui pouvait rivaliser avec les plus grands peintres européens de son temps. L'influence de Rubens, si sensible dans les premières œuvres, perceptible encore dans l'Hercule et Omphale de 1724 (Louvre), paraît ici supplantée par celle de Véronèse, et l'immense plafond voisine admirablement avec Le Repas chez Simon le Pharisien donné par Venise à Louis XIV. Le récent nettoyage a révélé la splendeur du coloris où les froids et les chauds se marient dans le scintillement d'une lumière dorée ; l'enchaînement et le détail des groupes (on possède de nombreuses études dessinées, conservées en particulier au Louvre) sont étudiés avec un soin infini. S'opposant aux virtuoses italiens du fa presto, Lemoyne donne là une œuvre qui soutient sans peine la comparaison avec les plus beaux décors de Luca Giordano ou de Tiepolo.

— Georges BRUNEL

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris

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