MANSART FRANÇOIS (1598-1666)
François Mansart a donné une signification nouvelle à l' architecture classique française. Il y est parvenu en appliquant le vocabulaire classique à des formes architecturales auxquelles il n'était pas en fait destiné, à tel point qu'entre ses mains le château français et l'hôtel particulier sont presque devenus des types de bâtiments classiques, tout comme les architectes italiens du xve siècle ont créé des prototypes nouveaux, mais apparemment classiques, pour leur façades d'églises ou leurs palais. En France, seuls Pierre Lescot et Salomon de Brosse avaient sérieusement essayé de progresser dans ce domaine. Mansart s'inspira très fortement de ces deux créateurs, mais il profita quelque peu aussi de l'habileté structurale et géométrique de Philibert de l'Orme (ou Delorme), et du style fondé sur l'utilisation systématique de la brique et de la pierre, inséparable de l'architecture civile sous le règne de Henri IV. En combinant ces disciplines, tout en essayant de retrouver le style de l'Antiquité au moyen des sources limitées qu'il avait à sa disposition, Mansart a créé des projets qui étaient réellement classiques, tout en étant totalement dépourvus de sécheresse et de monotonie.
Mansart, pas plus que son contemporain Louis Le Vau, n'a survécu au changement de goût qui s'est manifesté avec l'arrivée au pouvoir de Louis XIV, lorsqu'il se révéla nécessaire pour les artistes de donner dans le genre de la cour. Dans de nombreux domaines, Mansart a été éclipsé par son petit-neveu Jules Hardouin, qui a repris le nom de Mansart, et avec lequel on le confond souvent. Jules Hardouin-Mansart a été formé tout jeune par son grand-oncle, et un grand nombre de ses projets s'inspirent de dessins de celui-ci. C'est particulièrement vrai du plan de Hardouin pour la chapelle à dôme des Invalides qui doit beaucoup au projet non exécuté de Mansart pour la chapelle des Bourbons.
Caractère et influence
Mansart s'est fait la réputation d'abuser par avarice du travail des gens qu'il dirigeait (critique qui forme le thème de La Mansarade, pamphlet publié en 1651). Il était sans aucun doute intransigeant et souffrait d'une impuissance quasi pathologique à s'arrêter à une décision. Ses dessins étaient continuellement remaniés, et beaucoup d'entre eux comportent un nombre étonnant de solutions diverses. Il modifiait même des bâtiments en cours de construction afin d'améliorer leurs lignes – une partie du château de Maisons fut démolie et reconstruite de cette façon – et il n'existe pas de cas où, lorsque la comparaison est possible, le bâtiment existant corresponde au projet qu'il en avait fait. Ainsi que le dit éloquemment son biographe Charles Perrault : « Cet excellent Homme qui contentoit tout le monde par ses beaux ouvrages ne pouvoit se contenter luy-mesme ; il luy venoit tousjours en travaillant de plus belles idées que celles où il s'estoit arresté d'abord... »
Hors de France, particulièrement en Angleterre et en Suède, l'influence de Mansart fut considérable. L'architecte anglais Christopher Wren, qui le rencontra à Paris en 1666, lui devait beaucoup, de même que Nicodème Tessin, architecte suédois ; son influence est manifeste jusqu'en Autriche dans les œuvres de Fischer von Erlach.
Après une période d'oubli, il connut un regain de popularité en France vers la fin du xviie siècle, et ses projets furent de nouveau admirés puis largement imités. Le théoricien de l'architecture François Blondel avait coutume de conduire ses élèves en pèlerinage au château de Maisons afin de les convaincre que Mansart était le « dieu de l'architecture ».
On associe aussi le nom de Mansart avec le comble à la mansarde, bien qu'il ne soit pas le créateur du genre. Pierre Lescot[...]
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Écrit par
- William Peter Jackson SMITH : B. Arch., Ph. D., Royal Institute of British Architecture
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