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MANSART FRANÇOIS (1598-1666)

Les grandes réalisations

En 1635, Mansart reçut deux commandes qui lui donnèrent enfin l'occasion d'exercer son pouvoir créateur à grande échelle. Pour le secrétaire d'État Louis Phélypeaux de La Vrillière, il construisit l'une des plus grandes résidences de Paris, et pour le frère du roi, Gaston d'Orléans, il dessina un somptueux palais aux proportions grandioses, qui aurait probablement été l'un des plus grands monuments de l'architecture classique française s'il avait été terminé : le château de Blois.

Dans son projet pour Blois, Mansart mit en œuvre un plan qui était aussi hardi que les réalisations contemporaines de Borromini en Italie. Il donnait l'impression d'une symétrie apparente à l'intérieur d'une structure fondamentalement asymétrique, de telle sorte que le schéma n'avait rien de cette régularité monotone qui va parfois de pair avec l'architecture classique. L'aile inachevée de ce château, qui fut la seule partie de ce projet à être édifiée, témoigne toujours de la grandeur et de la subtilité du plan. La surface du mur, scandée par des pilastres, bien proportionnée et clairement définie, avec ses trophées et ses guirlandes discrètement ramenés sous le fronton, est typique de l'œuvre de Mansart à cette époque, comme le sont les frontispices savamment calculés.

L'hôtel de La Vrillière ressemblait à un certain nombre d'hôtels particuliers construits à Paris vers les années 1630, avec une aile à loggia « en retour » le long du jardin et un grand escalier installé dans un pavillon flanquant l'aile qui ouvrait sur la cour principale ; cette solution rendait possible l'aménagement d'une enfilade de chambres dans cette aile. Il est difficile de déterminer le rôle de Mansart et celui de Le Vau dans le développement de ce genre de plan, car tous deux l'ont adopté en même temps (Le Vau pour l'hôtel de Bautru).

René de Longueil, qui commanda le château de Maisons en 1642, se révéla le client le plus satisfaisant pour Mansart, car sa fortune augmenta prodigieusement tandis que les travaux étaient en cours, et ses premières exigences, en termes d'aménagement, n'étaient pas très grandes. Pour une fois, Mansart eut la possibilité de se livrer jusqu'au bout à sa recherche de perfection ; chaque partie du projet, depuis les voûtes en sous-œuvre et les fondations, jusqu'au plus infime détail de décoration, fut dessinée et exécutée avec la plus grande précision. On choisit un site splendide, sur les rives de la Seine, près de la forêt de Saint-Germain, et on dessina une savante série d'avant-cours, de portails et d'avenues, l'avenue principale conduisant ingénieusement vers le château de Saint-Germain où le roi logeait souvent. Sur un côté de la première avant-cour s'élevait une des plus grandes écuries de France, abritant une école d'équitation et un abreuvoir d'une décoration très étudiée, et ayant à l'entré un fronton qui rivalisait avec celui du château. L'élévation du château est une version améliorée de celle qui avait été employée à Blois.

En 1645, la reine Anne d'Autriche demanda à Mansart d'ajouter une église et un palais au couvent du Val-de-Grâce où elle allait fréquemment faire retraite. Pour ce projet Mansart conçut un plan inspiré de l'Escorial, où Anne d'Autriche avait passé sa jeunesse. Le plan qu'il fit pour l'église était inédit par bien des points, avec ses tours flanquant la nef et son portail d'entrée à un étage, en avancée, qui rappelait plus les entrées de ses châteaux que les frontons d'églises traditionnels. Malheureusement, Mansart fut renvoyé un an après le début des travaux, et le palais ne fut pas construit ; mais l'église elle-même fut commencée sous sa direction, et elle lui doit son plan. On ne connaît pas exactement[...]

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