MANSART FRANÇOIS (1598-1666)
Projets pour le Louvre et la chapelle des Bourbons à Saint-Denis
Avec l'arrivée de Colbert, Mansart connut un bref regain de faveur à la cour avant de mourir, en 1666. Il reçut deux importantes commandes royales, pour la construction de la chapelle funéraire de la dynastie des Bourbons à Saint-Denis et pour l'achèvement et l'agrandissement du Louvre. Aucun de ces deux projets ne vit le jour, en partie à cause des changements de goût et des exigences de la cour, et en partie aussi à cause du caractère difficile de Mansart.
Son projet pour la chapelle des Bourbons aurait abouti à l'édification d'une vaste composition à plan central coiffée d'un dôme, à l'extrémité est de la basilique Saint-Denis qui en possédait déjà un, celui de la chapelle (inachevée) des Valois. Un certain nombre de chapelles à dôme, pour abriter les tombeaux, se seraient groupées autour de cet espace central circulaire qui devait être recouvert d'un dôme tronqué complexe, éclairé à l'intérieur par des fenêtres invisibles. Dans ce cas précis, le parallèle avec les plans de la première Renaissance italienne devient encore plus net, mais ce plan était aussi, en ce qui concerne l'évolution de Mansart, la conclusion logique d'une série d'expériences sur des plans centraux qu'on peut retrouver dans son œuvre à partir du dessin pour la petite église de la Visitation de la rue Saint-Antoine. Comme ce fut le cas de ses projets pour le Louvre, Mansart se trouva en compétition avec Bernin que Colbert avait appelé en France.
Le travail de Mansart pour le Louvre représenta probablement l'épisode le plus extraordinaire et le plus décevant de toute sa carrière. Le Vau, qui avait déjà préparé des plans pour terminer la cour carrée, fut écarté par Colbert, et on demanda à Mansart de soumettre un projet. Stimulé par l'importance de la commande, il présenta non pas un, mais une vaste série de dessins, dans lesquels le thème du bâtiment entourant une cour ouverte était traité de presque toutes les manières imaginables ; il y en avait même dans lesquels il n'y avait pas de cour du tout. Il ne s'agissait pas de projets extravagants ou empiriques, mais de choix réellement possibles établis à partir d'une intime compréhension de ce que voulaient le roi et la cour, et permettant une liaison ingénieuse avec les bâtiments déjà construits sur le site. On demanda à Mansart de sélectionner un ou deux dessins pour les soumettre à l'approbation du roi, mais il s'y refusa, sous prétexte que pour un travail aussi important, il ne voulait pas se limiter à un plan, préférant garder la liberté d'améliorer ou de changer les dessins de façon à obtenir le bâtiment le plus parfait possible. On lui retira la commande, mais il continua à travailler sur des schémas variés, tandis que de nombreux architectes soumettaient leurs projets, dont beaucoup s'inspiraient des siens. Cependant, Mansart ne fut pas complètement oublié, car, même après sa mort, le roi garda le droit de consulter ses dessins qui furent laissés dans un coffre-fort. Ceux-ci, avec d'autres projets de Mansart, furent jalousement gardés par ses plus proches parents, et parmi eux Jules Hardouin et Jacques IV Gabriel.
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Écrit par
- William Peter Jackson SMITH : B. Arch., Ph. D., Royal Institute of British Architecture
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