OZON FRANÇOIS (1967- )
Le drame sans le pathétique
Très présente dans toute son œuvre, la sexualité – souvent incertaine – est à nouveau au cœur de Jeune et jolie (2013) où une adolescente se prostitue avec un parfait naturel, comme avec le jeune père travesti d’Une nouvelle amie (2014) et Frantz (2016) où les rôles s’intervertissent tragiquement dans l’Allemagne des années 1920. Quant à Été 85 (2020), le film, hérissé de violences, culmine dans une insolente danse macabre sur la tombe du héros, initié à l’amour par un fascinant hédoniste à peine plus âgé que lui mais déjà marqué par la mort.
Avec Grâce à Dieu (2019), François Ozon amorce un tournant inédit dans sa carrière en abordant, sous la forme d’un « film-dossier », le thème du silence de l’Église vis-à-vis des prêtres pédophiles et ses conséquences sur la vie de trois familles. En évoquant le suicide assisté en fin de vie, autre grand sujet, le cinéaste tient à distance le drame de Tout s’est bien passé (2021), où l’humour bravache du personnage du père, interprété par André Dussollier, défie sa fille, une Sophie Marceau bouleversée.
En se brisant à plusieurs reprises, le sobre constat clinique laisse la place à des personnages de chair et de sang qui se débattent pour subvertir les normes de toutes sortes dans leur vie intime autant que sociale. Depuis ses débuts, la caméra d’Ozon accompagne ces soubresauts dans des films captivants, au suspense mental puissant, mais qui pointent parfois un détail amusant ou intrigant au cœur du drame. Ce style tour à tour tendu ou léger exprime vivement les vertiges de son univers cinématographique.
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Écrit par
- René PRÉDAL : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen
Classification
Médias
Autres références
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FRANTZ (F. Ozon)
- Écrit par René PRÉDAL
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GRÂCE À DIEU (F. Ozon)
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POLICIER FILM
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