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PERROUX FRANÇOIS (1903-1987)

Lyonnais d'origine, élève de Schumpeter, professeur à Lyon puis à Paris, François Perroux est élu en 1955 à la chaire d'économie créée à son intention au Collège de France. Perroux a profondément marqué l'université et la pensée économique françaises. Il poursuit dans la voie de l'hétérodoxie schumpetérienne (La Pensée économique de Joseph Schumpeter. Une théorie pure de la dynamique capitaliste, 1935) à l'égard du marxisme, qu'il a profondément étudié (d'où sa longue préface aux œuvres de Marx dans la collection « La Pléiade », 1963, et Aliénation et société industrielle, 1970), du néo-classicisme, qu'il tente un moment de ramener aux véritables dimensions parétiennes (La Valeur, 1943 ; Le Néo-Marginalisme, 1945) ou du keynésianisme, dont il marque très vite les limites (La Généralisation de la General Theory, 1950). De même, à l'image de Schumpeter, il lie très étroitement la théorie économique la plus rigoureuse à une permanente attention aux évolutions profondes de notre civilisation, comme à ses dangers (Les Mythes hitlériens, 1936, et Des mythes hitlériens à l'Europe allemande, 1940). Il modernise, renouvelle et élargit cependant les concepts clés de son maître : il approfondit Le Problème du profit (1926), mais il préfère à l'analyse individualiste de l'innovation celle de la création collective (Industrie et création collective, 2 t., 1964 et 1970).

Il jette les bases d'une rénovation fondamentale de l'enseignement de l'économie en France sur trois points. Il insiste sur la recherche scientifique fondamentale, créant dès 1944 l'Institut de science économique appliquée qu'il dirige et développe sans cesse depuis (avec sa revue Économie appliquée, et cette véritable encyclopédie économique que constituent les multiples séries des Cahiers de l'I.S.E.A.). Il opte vigoureusement pour l'analyse formalisée et quantitative, mettant toutefois en garde les économistes contre le danger de se laisser dominer par les techniques mathématiques et d'accepter des hypothèses contraires aux faits pour le seul avantage de trouver une solution au problème : il introduit ainsi en France les techniques de la comptabilité nationale (Le Revenu national, son calcul, sa signification, avec P. Uri et J. Marczewski, 1947, et Les Comptes de la nation, 1949) ; il poursuit un dialogue ininterrompu avec les mathématiciens et l'ensemble des scientifiques (il publiera entre autres dans ses Cahiers les premiers modèles économiques inspirés de la thermodynamique dus à Marc et André Lichnerowicz, 1971, par opposition à ceux qui sont tirés de la mécanique, avant de transformer l'I.S.E.A. en Institut de science mathématique et économique appliquée), comme il le fera avec les philosophes dans cette série de Cahiers (M) dirigée par J. Lacroix. Enfin, il ouvre délibérément la pensée économique française à la pensée anglo-saxonne (sans sacrifier en rien à la mode de l'américanisme), ou à la pensée soviétique, soucieux qu'il est de transmettre en France le meilleur de leurs apports (entre autres par la série de Cahiers (G) dirigée par Henri Chambre).

Très vite armé (dès son Cours, 1936) d'une conceptualisation originale qui lui permet de proposer une véritable théorie générale, il développe celle-ci soit en opposition à la théorie dominante, soit en fonction des sollicitations de l'actualité, dans un dialogue fécond de la théorie et de la pratique. Au monde abstrait et irréel d'un équilibre de microdécisions prises par des unités égales parce que toutes dénuées de pouvoirs dans la concurrence parfaite, il oppose le monde de la réalité, celui des macrodécisions, des espaces structurés, de la domination (influence asymétrique et irréversible), des effets d'entraînement, des firmes motrices, de la contrainte dans l'exercice[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de sciences économiques de Grenoble, président de l'Institut de sciences mathématiques et économiques appliquées, Paris

Classification

Autres références

  • ÉCONOMIE (Définition et nature) - Enseignement de l'économie

    • Écrit par
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