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ROUAN FRANÇOIS (1943- )

À la fin de ses études faites à l'École des beaux-arts de Montpellier, sa ville natale, puis à celle de Paris dans l'atelier de Roger Chastel, François Rouan, comme d'autres peintres de sa génération, se trouve confronté, au milieu des années 1960, non seulement au refus du lyrisme abstrait de la précédente décennie, mais surtout à la remise en question radicale de la peinture. Ces jeunes artistes abordent le problème de la peinture en la déconstruisant, en dissociant ses éléments constitutifs. Pour sa part, François Rouan y répond d'abord par des collages, sur fond peint, de papiers gouachés, découpés, inspirés de Matisse ; puis, à partir de 1966, par une technique qui va caractériser toute son œuvre et donner corps à un nouveau support consistant et complexe : le tressage. Deux toiles au préalable teintes ou peintes sont découpées en lanières et nattées ; le tressage incluant un troisième terme que l'on pourrait dire constitué de signes et de sens. C'est ainsi que dans la série de tableaux répétitifs, Portes I, qu'il réalise en 1971-1973 lors de son séjour à la Villa Médicis à Rome (où il fréquentera Balthus), un réseau de lignes géométriques, abstraites, en grandes diagonales irrégulières, se superpose au tressage initial qu'il contredit et neutralise. De même, à partir des Portes II et dans tous les thèmes suivants, de nouveaux éléments sont insérés : fragments de paysages, d'architectures, de figures empruntées à l'histoire de la peinture et à sa propre histoire, comme étant ceux d'un vécu et de sa mémoire (Marmo/Figura/Paesaggio, 1975-1976, Pierre Matisse Gallery, New York ; Son pied-La route II, 1986, Musée national d'art moderne, Centre Georges-Pompidou, Paris). Du tressage, Rouan garde alors soit la figuration, soit le principe d'imbrication et d'éclatement des figures, traitées le plus souvent en hachures. Lieu de disparitions et d'apparitions, de glissements et de dispersion, « la peinture de Rouan est [...] une pensée en soi, autonome, dont les mouvements ressortissent et équivalent à l'espace mental de notre temps » (D. Bozo, catalogue de l'exposition au Musée national d'art moderne, Centre Georges-Pompidou, Paris, 1983). Le musée d'Art moderne de Villeneuve-d'Ascq lui a consacré en 1995 une exposition rassemblant des peintures et des dessins réalisés entre 1982 et 1994 et qui témoignent de l'évolution radicale de l'artiste : son œuvre est désormais placée sous le signe, non plus du tressage, mais de la figure. Mentionnons également les expositions Travaux photographiques (galerie des éditions Galilée, Paris, 1996) et Papiers découpés et gouachés (musée de l'Abbaye Sainte-Croix, Les Sables-d'Olonne, 2000).

— Servane ZANOTTI

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