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VERCKEN FRANÇOIS (1928-2005)

Devenu l'élève de Daniel-Lesur et de Serge Nigg à l'âge de trente ans, François Vercken (né à Paris le 8 avril 1928, mort à Paris le 11 décembre 2005) signe sa première œuvre dix ans plus tard, en 1968, avec une... cantate. Sur un texte de Loys Masson, cette Cantate pour un vendredi saint (créée en 1971) tranchait sur une production musicale dont les diverses tendances – recours au hasard, aux mathématiques, à l'électronique, à la bande magnétique – tentaient alors vainement de battre en brèche la suprématie de la série généralisée, imposée et propagée en France par Pierre Boulez et le Domaine musical, notamment.

François Vercken, qui affirme, dès cette première œuvre, sa filiation avec les grand maîtres du passé (des polyphonistes franco-flamands à Honegger), refusera sa vie durant le diktat de la « nécessité historique ». Excepté une furtive incursion dans la pratique sérielle et dans celle de la Klangfarbenmelodie (Jeux pour deux, pour percussions, 1975), il restera en effet fidèle à un langage librement atonal (non assujetti à une quelconque systématique, que celle-ci soit technique, esthétique ou idéologique), coloré par un emploi de la modalité hérité de sa passion pour la musique des xve et xvie siècles.

Son raffinement harmonique n'a d'égal que la subtilité de son contrepoint. Son écriture, dépouillée, refusant les effets faciles, se distingue par son élégance (celle qui cache l'art par l'art même), sa clarté et son évidence, que certains appelleront simplicité. Encore faut-il savoir qu'en art elle est ce qu'il y a de plus difficile à atteindre ! C'est pourquoi son matériau, économe, se démultiplie en profondeur au sein des transformations que lui fait subir sa technique de la variation.

Aux caractères d'élégance, de clarté et d'évidence, il faut ajouter encore celui de souplesse et remarquer çà et là chez Vercken des cellules mélodico-rythmiques qui, comme autant de petites mécaniques de précision, viennent émailler le discours, preuves indubitables de son attachement durant un temps à une musique répétitive qui ne doit cependant plus rien à ses géniteurs d'outre-Atlantique. Plus précisément, François Vercken confie son admiration pour une œuvre de Steve Reich, Music for 18 Musicians.

Il est aussi ancien séminariste et croyant. Son attachement à la musique sacrée se découvre au travers de son catalogue d'œuvres religieuses, parmi lesquelles se détachent Messe pour une fête, pour chœur, orgue, deux trompettes, cor, trombone, tuba, percussions (1978), Jésus, pour un monde nouveau, pour chœur avec participation des fidèles, deux orgues, deux trompettes, cor, trombone, tuba, trois percussions et clavecin (1981), Ézéchiel, oratorio pour deux chœurs, récitant, baryton, et trois orchestres, dont un d'harmonie (1986). Cet attachement englobe aussi son amour pour Bach ainsi que pour un instrument pour lequel il éprouve une tendresse particulière, l'orgue (Contournement - Détournements, 1978 ; Dialogue à trois voix, 1985 ; Concerto pour orgue et ensemble instrumental, 1993).

Amoureux de la voix (il n'a jamais cessé de diriger des chorales d'amateurs et il fut notamment, de 1944 à 1957, à la tête de la Maîtrise de Notre-Dame de Paris et d'autres maîtrises d'enfants), François Vercken a par ailleurs consacré nombre d'œuvres à l'art vocal, pour des formations chorales ou des solistes. De fait, il est l'un des rares continuateurs de la tradition de la mélodie française, via Debussy, Ravel, Poulenc et Roussel. Son univers poétique touche autant à Robert Desnos, Louis Aragon, Blaise Cendrars qu'à Georges-Emmanuel Clancier ou Loys Masson, qui fut son ami. Citons : Versets, pour mezzo et six instruments (1972) ; Paris, sur le poème d'Aragon, pour chœur mixte (1981) ; Six Instants[...]

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Écrit par

  • : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio

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