VERLY FRANÇOIS (1760-1822)
Cet architecte, né à Lille, est ignoré des historiens de l'art. Son importance n'est pourtant pas négligeable, mais le sort a voulu que ses grands projets n'aient pas été exécutés et que ses œuvres réalisées aient été détruites ou défigurées (cf. J.-Y. Duthoy, « Un architecte néo-classique : F. Verly », in Revue belge d'architecture et d'histoire de l'art, t. XLI, 1972). François Louis Joseph Verly a occupé des charges officielles : architecte du gouvernement à Lille pendant la Révolution, puis architecte de Napoléon à Anvers et responsable, à ce titre, d'opérations d'urbanisme considérables. Il a beaucoup construit pour la clientèle privée en Belgique, a été un décorateur très sollicité (château de Duras) et un organisateur de fêtes rassemblant de grandes foules (Paris, Lille, Anvers). Son œuvre, étendue et multiforme, reflète parfaitement la mentalité d'un artiste néo-classique qui a mis son talent au service de la Révolution, puis de l'Empire.
Principales étapes de sa carrière : 1778-1786, formation à Paris où il est élève de l'Académie royale d'architecture (le maître qui l'a formé ne nous est pas connu). 1786-1801 : activité à Arras (séminaire) et surtout à Lille ; ses grandioses projets de reconstruction de la ville sont acceptés par la municipalité en 1794, mais ne seront pas exécutés. 1801-1814 : à Anvers, il est chargé de remodeler la vieille cité, d'implanter les nouveaux bâtiments nécessaires au développement économique et culturel, d'agrandir les bassins du port. Il travaille également à l'achèvement de la cathédrale d'Arras et présente les plans d'un hôtel de ville à Saint-Omer. 1814-1822 : au service du prince d'Orange à Bruxelles (plans et façades du palais de justice, 1816-1824).
Il convient de souligner le caractère exceptionnel que présentent certains projets de Verly, et particulièrement ceux de 1794 pour Lille : il s'agissait bien là de construire une ville entièrement nouvelle, inspirée des idéaux révolutionnaires. Par leur ampleur, par la nouveauté des formes, l'éloquence des volumes, le sens de l'espace, ces projets apparaissent comme les plus remarquables qui aient été conçus pour une ville française de province. Réalisés, ils eussent fait de Lille l'étonnante capitale d'un art nouveau (deux dessins aquarellés au musée de Lille en témoignent).
Les grands nus, les masses puissantes, les lignes simples qui caractérisent le style de Verly font apparaître un artiste visionnaire et audacieux très en avance sur son temps, à l'égal de Boullée et de Ledoux à qui il fait souvent penser. Il nous semble devoir être considéré comme l'un des plus importants propagateurs en province de l'art de la Révolution. Dans sa dernière période, il abandonne l'art sévère de sa maturité pour donner dans un néo-classicisme académique, qui caractérise en particulier le palais de justice de Bruxelles.
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Écrit par
- Jean-Jacques DUTHOY : professeur à l'École européenne de Bruxelles
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