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FRANÇOIS (1936- ), pape (2013- )

Réformer, un impératif du pontificat du pape François

Les intentions initiales du pape François sont indubitablement réformatrices, le mandat explicitement confié par le conclave de 2013 étant de réaliser la promesse non tenue de son prédécesseur : réformer la curie, rénover le gouvernement de l’Église, peut-être initier des changements dans la discipline de l’Église « d’en bas ». C’est dans cette perspective réformiste que François met en place, dès le mois d’octobre 2013, un « G8 papal », instance indépendante de la curie romaine, composée de huit cardinaux choisis dans le monde entier pour réfléchir à une réforme du gouvernement de l’Église. La réforme de la curie est cependant longue à mettre en place. Il faut dire qu’en décembre 2014 François a prononcé un discours extrêmement dur devant les cardinaux et évêques de celle-ci, dénonçant publiquement les maladies qui les guettaient – la « pétrification mentale », le « fonctionnarisme », l’« Alzheimer spirituel » –, ce qui a ravi les médias du monde entier, mais lui a sans doute aliéné une grande partie de ces hommes qui gouvernent l’Église.

La réforme de la curie romaine est finalement publiée en 2022 dans la Constitution apostolique Praedicateevangelium. Il s’agit d’une réforme au contenu paradoxal : la nouvelle Constitution apostolique précise que la curie ne doit pas se réduire à une simple administration, mais qu’elle est aussi vouée à l’annonce de l’Évangile ; elle doit se mettre au service des évêques dans le monde, mais pour contrer la tentation naturelle des dicastères (ministères) de se constituer en féodalité et les inciter à créer plus de relations horizontales entre eux, le pouvoir du pape, déjà absolu en soi, est renforcé. La Congrégation pour la doctrine de la foi devient le Dicastère pour la doctrine de la foi et cesse d’être le plus puissant ministère de l’Église – et son « préfet » d’être le numéro 2 de celle-ci. Le pape prend pour ainsi dire les rênes de l’évangélisation des peuples. Enfin, la Constitution affirme pour la première fois que le pape peut nommer « tout fidèle » baptisé, homme ou femme, à la tête d’un dicastère. Des laïcs en plus grand nombre sont ainsi appelés à prendre des responsabilités à la tête de l’Église.

Cependant, alors que François avait évoqué une « décentralisation » du pouvoir, rien n’a été fait en ce sens, ou fort peu. La papauté reste une monarchie absolue et le pouvoir du pape sans limitation dans le temps, ni dans l’espace. La curie romaine continue de dominer absolument les Conférences épiscopales nationales – les propositions du « chemin synodal allemand » lancé en 2019 sans l’aval de Rome ont été plusieurs fois rejetées par le Vatican –, même si elle fait preuve de davantage de diplomatie en cas de conflit. Sur la question des statuts (célibat des prêtres, accès des femmes au diaconat), rien n’a changé ou presque. L’accès des divorcés remariés à la communion reste interdit – bien qu’une note de bas de page controversée du pape François, dans son exhortation apostolique sur la famille Amorislaetitia(2015), a pu laisser augurer un début d’ouverture sur la question. Certes, François nomme des femmes (surtout des religieuses) à des postes élevés de la curie romaine, mais leur place inégale dans l’accès au pouvoir religieux est maintenue dans la loi de l’Église.

En matière de réformes, le pontificat de François présente donc un bilan en demi-teinte, voire globalement négatif. Comment expliquer cet échec ? Si l’on admet que la réforme d’un organisme international aussi ancien, immense et complexe que l’Église catholique est encore possible, les difficultés spécifiques qu’a rencontrées François pour engager des réformes, somme toute minimes et peu contestables, laissent perplexe en ce qui concerne[...]

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Bénédiction papale du pape François - crédits : Maurix/ Gamma-Rapho via Getty Images

Bénédiction papale du pape François

Le pape François - crédits : Alessandra Benedetti/ Corbis News/ Getty Images

Le pape François

Le pape François et le pape émérite Benoît XVI - crédits : Maurix/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Le pape François et le pape émérite Benoît XVI

Autres références

  • BENOÎT XVI JOSEPH RATZINGER (1927-2022) pape (2005-2013)

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    Après sa renonciation et l'élection de François à la tête de l'Église, il a vécu presque dix années au monastère Mater Ecclesiæ, au Vatican, en portant le titre inédit de « pape émérite ». Conformément aux engagements qu'il avait pris de faire « preuve de révérence et d’obéissance inconditionnelle...