ADRET FRANÇOISE (1920-2018)
Fondatrice du paysage chorégraphique français
Dans l'effervescence de Mai-1968, Françoise Adret crée avec Jean-Albert Cartier, à la maison de la culture d'Amiens, le Ballet-théâtre contemporain. Pionnière, la compagnie pose de nouvelles bases dans l'univers de la danse : elle inaugure la décentralisation culturelle qui conduira la troupe à Angers en 1972 ; elle mise entièrement sur la danse moderne ; elle renonce à toute hiérarchie au sein du ballet ; elle conçoit un spectacle total en passant commande à Pierre Boulez, Iannis Xenakis, César, Calder, Gérard Fromanger... En dix ans, Françoise Adret programme pas moins de quarante créations, qui tournent dans le monde entier (quatorze pays visités en 1971), de chorégraphes aussi différents que Félix Blaska, Jean Babilée, Dirk Sanders, Oscar Araiz, John Neumeier, Lar Lubovitch, Louis Falco, Viola Farber.
La réussite du Ballet-théâtre contemporain lui ouvre les portes du ministère de la Culture. Inspectrice de la danse de 1978 à 1985, elle dresse un bilan pointu de l'enseignement, obtient des moyens financiers (quadruplés de 1980 à 1983), contribue à la création des centres chorégraphiques nationaux et découvre, grâce à ses tournées d'inspection, des créateurs comme Philippe Decouflé, Jean-Claude Gallotta, Régine Chopinot, Maguy Marin...
En 1985, elle prend la direction du Lyon Opéra Ballet. Coup de maître, Cendrillon (1985), commandée à Maguy Marin, connaît un succès retentissant dans le monde entier. Les chorégraphes Mats Ek, Jiří Kylián, William Forsythe, encore peu demandés, mais aussi Mathilde Monnier, Maryse Delente, Angelin Preljocaj (qui y crée son premier grand spectacle, Roméo et Juliette en 1990, un triomphe international) font leurs armes à Lyon. Après avoir quitté Lyon en 1992, Françoise Adret est alors sollicitée pour relancer des compagnies en difficulté (Ballet du Nord en 1994 ; Ballet de Lorraine en 1999). La voix rauque, cigarette constamment aux lèvres, grandes lunettes fumées, toujours soucieuse de donner chaque jour le cours de danse à ses interprètes, celle qui était affectueusement surnommée « mère Adret » a laissé une trace profonde tant dans la danse française que dans le parcours personnel de nombreux danseurs.
Elle meurt près de Paris le 1er avril 2018, à l'âge de quatre-vingt-dix-sept ans.
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Écrit par
- Ariane DOLLFUS : journaliste dans le domaine de la danse
Classification
Média