BARRÉ-SINOUSSI FRANÇOISE (1947- )
Virologue française, lauréate du prix Nobel de physiologie ou médecine 2008 (avec Luc Montagnier) pour avoir, en 1983, étroitement participé aux recherches ayant permis d'identifier le virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Elle est la première Française à recevoir cette prestigieuse distinction. Ce Nobel a également récompensé l'Allemand Harald Zur Hausen, qui a montré la responsabilité de papillomavirus dans le cancer du col de l'utérus.
Née le 30 juillet 1947 à Paris, Françoise Barré-Sinoussi avait choisi de suivre un parcours scientifique classique à la faculté des sciences de l’université de Paris et de se spécialiser en virologie. Après un doctorat obtenu en 1974 dans le laboratoire de Jean-Claude Chermann, à l’Institut Pasteur de Garches, sur l’effet de molécules inhibant la multiplication de virus oncogènes, elle séjourne un an aux États-Unis. En 1975, elle entre à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et rejoint le laboratoire de Luc Montagnier à l’Institut Pasteur de Paris. Elle réalisera la totalité de sa carrière dans cet institut. Dans le laboratoire de Montagnier, elle est la seule avec Chermann, avec qui elle collabore, à maitriser les techniques d’étude des rétrovirus. Elle joue donc un rôle déterminant dans l’identification du VIH, le virus du sida.
L'histoire de cette aventure est désormais bien connue et peut se résumer ainsi. Plus d'un an après son apparition, en 1981, dans les milieux homosexuels américains, la maladie, qui ne s'appelait pas encore le sida, restait d'origine mystérieuse. Seule une fraction de la communauté scientifique et médicale postulait alors que l'effondrement des défenses immunitaires observé chez les malades avait une origine infectieuse et vraisemblablement virale. Restait à découvrir le virus. Débute alors une extraordinaire compétition pour découvrir l'agent causal d'une maladie qui allait, en quelques années, prendre la dimension d'une épidémie, puis d'une pandémie. À Paris, tout ou presque commence en janvier 1983. Willy Rozenbaum, jeune médecin travaillant dans le service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, dirigé par le professeur Marc Gentilini, pratique une biopsie sur un ganglion d'un malade atteint de « lymphadénopathie généralisée » dont on établira plus tard qu'il s'agissait d'un stade précédant l'apparition d'une immunodéficience profonde et le sida.
Il adresse cette biopsie à l'équipe dirigée par Luc Montagnier à l'Institut Pasteur de Paris qui disposait des techniques nécessaires pour identifier la présence potentielle de virus jusqu'alors inconnus. Après mise en culture des cellules du système immunitaire, deux membres de l'équipe pasteurienne, Jean-Claude Chermann et Françoise Barré-Sinoussi, analysent régulièrement pendant trois semaines les caractéristiques biologiques (une « activité transcriptase inverse ») qui témoigneraient de la présence d'un rétrovirus ayant pour cible spécifique certaines cellules du système immunitaire humain.
Françoise Barré-Sinoussi est la première à identifier cette activité dans le surnageant des cultures. En ajoutant des globules blancs, provenant de donneurs de sang du centre de transfusion sanguine de l'Institut Pasteur, les chercheurs démontrent en 1983, dans un article de Science, que le virus présent a bien pour principale caractéristique de se multiplier en détruisant les lymphocytes CD4, provoquant ainsi l'effondrement du système immunitaire de la personne contaminée. La première étape est franchie. Il en restera beaucoup d'autres qui nécessiteront la collaboration de nombreux chercheurs afin de parvenir à visualiser le virus en microscopie électronique ou d'en établir la séquence [...]
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Écrit par
- Jean-Yves NAU
: docteur en médecine, journaliste, chroniqueur médical sur le site d'information
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