NYSSEN FRANÇOISE (1951- )

Scientifique devenue éditrice, Françoise Nyssen a dirigé les éditions Actes Sud, qui, en plus de quarante ans, ont connu une vraie réussite leur permettant de trouver place parmi les plus prestigieuses maisons d’édition françaises.

Publier ce que l’on aime

Née le 9 juin 1951 à Etterbeek, dans la région de Bruxelles, Françoise Nyssen ne se destinait pas à l’édition. Titulaire d’une licence de chimie de l’Université libre de Bruxelles et d’une agrégation de l’enseignement secondaire, elle se tourne d’abord vers les sciences et la recherche. Mais elle abandonne par la suite son doctorat de biologie moléculaire pour passer un diplôme d’urbanisme à Bruxelles. Installée à Paris avec deux enfants, elle travaille à la direction de l’Architecture du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie. Goûtant peu la vie parisienne, elle rejoint en 1979 son père, Hubert Nyssen (1925-2011) qui, avec sa compagne Christine Le Bœuf, avait fondé à Arles les éditions Actes Sud en 1978. Elle y rencontre en 1982 son second mari, Jean-Paul Capitani (1944-2023), à l’occasion d’un projet d’ouverture d’une librairie, un an avant que la maison ne s’installe dans le quartier du Méjan. Les locaux abritent aussi une librairie, un cinéma, un espace d’exposition, un restaurant et un hammam.

Chaleureuse et engagée, Françoise Nyssen aime travailler en famille et revendique une approche artisanale du métier. Reste qu’Actes Sud, de petit éditeur installé à Arles qu’il était, est devenu au fil des ans un véritable groupe d’édition. Avec l’aide des centres culturels et d’un réseau de traducteurs, la maison s’est spécialisée dans la littérature étrangère, publiant notamment en 1985 L’Accompagnatrice, de Nina Berberova, qui fut l’un de ses plus gros succès, puis la trilogie Millenium, de Stieg Larsson (2006-2007). Elle a inscrit à son catalogue Paul Auster (1987), Théodore Monod (1989), Henry Bauchau (1997), Don DeLillo (1999), Alice Ferney (2000), Alberto Manguel (1998), Alaa El Aswany (2006) et, depuis 2016, Salman Rushdie ainsi que les Turcs Asli Erdogan et Ahmet Altan.

Actes Sud s’enorgueillit aussi de plusieurs prix Nobel de littérature : Jaroslav Seifert (1984), Naguib Mahfouz (1988), Imre Kertész (2002), Elfriede Jelinek (2004) et Svetlana Alexievitch (2015). Le prix Goncourt récompense successivement Le Soleil des Scorta, de Laurent Gaudé (2004), LeSermon sur la chute de Rome, de Jérôme Ferrari (2012), Boussole, de Mathias Énard (2015) et L’Ordre du jour, d’Éric Vuillard (2017). Meursault, contre-enquête (2014) a également valu à Kamel Daoud de recevoir un Goncourt du premier roman remarqué, en 2015.