NYSSEN FRANÇOISE (1951- )
Formation d’un groupe d’édition
Au gré des prises de participation ou des rachats, Actes Sud a diversifié sa production et couvert tous les secteurs éditoriaux depuis le théâtre, avec la reprise de Papiers, en 1987 (date à laquelle la maison s’installe aussi rue Séguier à Paris), jusqu’à la littérature russe, avec Solin, en 1989, créé par Michel Parfenov, ou les littératures arabes, avec Sindbad, en 1995, fondé par Pierre Bernard, en passant par la jeunesse, avec la création d’Actes Sud Junior, fondé par Madeleine Toby. Suivent la reprise des éditions Errance en 2000, de la collection « Photo Poche » de Robert Delpire, en 2004, des éditions Jacqueline Chambon et la fusion avec Le Rouergue, en 2004 également. Le mouvement se poursuit en 2005, avec une participation dans les éditions de l’An 2 (BD) et dans Gaïa (littératures scandinaves), le rachat des éditions de l’Imprimerie nationale et des éditions Thierry Magnier (lequel a dirigé le pôle jeunesse d’Actes Sud de 2007 à 2018). En 2009, l’entreprise prend des participations dans les maisons Textuel, Les liens qui libèrent, André Versaille. En 2010, elle rachète les éditions Picard, en 2012 Hélium, et en 2013 Payot & Rivages.
« L’histoire d’Actes Sud, c’est une aventure collective : mon père et sa compagne, le directeur littéraire Bertrand Py qui est arrivé dès 1980 et Jean-Paul, mon mari, et tous ceux avec qui nous travaillons » a-t-elle déclaré à Télérama. « Jamais nous ne nous sommes assis autour d’une table en nous demandant : qu’est-ce qu’on pourrait développer l’année prochaine ? […] Ce furent toujours des rencontres, nées d’une volonté d’être présent à l’autre, attentif à ce qui s’offre », ajoute-t-elle.
Avec une collection de poche, « Babel », créée en 1989, et une structure de diffusion avec ses propres représentants et des éditeurs diffusés dès 1991, Actes Sud a tout d’un groupe industriel. La maison s’est également diversifiée dans la librairie.
À la suite du suicide en 2012, à l’âge de dix-huit ans, de son fils Antoine, surdoué, dyslexique et inadapté à la vie scolaire, Françoise Nyssen a fondé en 2015 une école pour accueillir des enfants en difficulté, le Domaine du possible, sous le patronage d’Edgar Morin et de Pierre Rabhi. « [Elle est] présente sur tous les fronts politiques et culturels, capable de soulever des montagnes pour faire libérer des prisons turques son auteure Asli Erdogan, elle est aussi une militante écologiste convaincue, adepte des médecines alternatives et du développement durable », a écrit Christine Ferrand dans le portrait qu’elle lui a consacré dans Livres Hebdo, soulignant aussi son « étonnante vitalité ».
Françoise Nyssen reste actionnaire majoritaire d’Actes Sud. Lorsque, le 17 mai 2017, elle est nommée ministre de la Culture du gouvernement d’Édouard Philippe, elle cède la présidence du directoire d’Actes Sud à Jean-Paul Capitani. Le 16 octobre 2018, à la faveur d’un remaniement, elle quitte le ministère sans avoir pu réellement s’imposer. À la fin de l’année 2022, Françoise Nyssen a quitté la présidence d’Actes Sud pour prendre la tête de son conseil de surveillance.
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Écrit par
- Claude COMBET : journaliste
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Média