FOSTER FRANK (1928-2011)
Saxophoniste ténor et soprano, compositeur, arrangeur et chef d'orchestre, le jazzman américain Frank Foster est d'abord réputé pour ses solos bop énergiques exécutés au saxophone ténor au sein du grand orchestre de Count Basie durant onze ans ; ses arrangements contribueront par ailleurs de manière décisive à la modernisation du style de Basie dans les années 1950.
Frank Benjamin Foster, III, naît le 23 septembre 1928, à Cincinnati (Ohio). Il apprend très tôt le piano et la clarinette, puis le saxophone alto. Il se perfectionne en musique à la Wilberforce University de son État natal, une institution qui est réservée aux Noirs. Ayant opté pour le saxophone alto, il se produit à Detroit, dans le célèbre club Blue Bird, où il a l'occasion de jouer au côté du saxophone ténor Wardell Gray, dont le style l'influence profondément, comme l'influencera celui de Sonny Stitt. Il accomplit son service militaire (1951-1953) avant de rejoindre en juillet 1953 l'orchestre de Count Basie. L'élégance épurée teintée de blues de ses arrangements, ses voicings caractéristiques mêlant flûtes, clarinettes et cuivres bouchés marquent d'une trace indélébile de nombreux albums du Count, comme Count Basie Swings, Joe Williams Sings (1955) ou April in Paris (1956), grâce auxquels Basie renoue avec le succès. Foster élabore l'intégralité des arrangements de l'album Easin' It. Comme instrumentiste, Frank Foster est souvent opposé à Frank Wess, formant une de ces confrontations de saxophonistes – les fameuses tenor battles – qu'affectionnait Count Basie, dans la lignée du duo Herschel Evans et Lester Young des années 1930. Certaines de ses compositions, comme Blues in Hoss' Flat, Blues Backstage, Down for the Count ou Shiny Stockings sont devenues des standards.
Après avoir quitté Count Basie à l'été de 1964, Frank Foster, qui a déjà enregistré sous son propre nom ou comme sideman de Thelonious Monk (Monk, 1954) ou de Milt Jackson (Plenty, Plenty Soul, 1957), se produit fréquemment avec Elvin Jones (Coalition, 1970 ; Genesis, 1971 ; Time Capsule, 1977 ; Elvin Jones Music Machine, 1978 ; Elvin Jones Jazz Machine, 1978) et continue de composer des arrangements pour des big bands et des vocalistes (Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Frank Sinatra, Tony Bennett, Lena Horne...). À partir du début des années 1970 jusqu'en 1986, il dirige à New York son propre Loud Minority Big Band (que l'on pourrait traduire par « Grand Orchestre de la minorité bruyante »). De 1986 – deux ans après la mort de Count Basie – à 1995, il assume la direction musicale du Count Basie Orchestra. En 2002, il reçoit un American Jazz Masters Fellowship du National Endowment for the Arts (Fonds national pour les arts) des États-Unis, distinction la plus prestigieuse du jazz américain. Frank Foster meurt le 26 juillet 2011, à Chesapeake, en Virginie.
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Écrit par
- John LITWEILER : critique de jazz, auteur
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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