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HERBERT FRANK (1920-1986)

Frank Herbert est né en 1920 à Tacoma et découvre l'écriture dès l'enfance. Il suit des études de psychologie, une des multiples activités qui devaient le passionner tout au long de son existence, et parmi lesquelles on peut compter l'ethnologie, la géologie sous-marine, la botanique, l'écologie, etc. Herbert sera également journaliste, photographe, plongeur, psychanalyste, professeur d'écriture (à Seattle) et donnera des cours de survie aux cosmonautes de la N.A.S.A.

Frank Herbert publie dès 1952 de la science-fiction dans des revues, et son premier roman, Le Monstre sous la mer, paraît en 1955. En 1963, il écrit le premier volet de Dune, un livre qui va bouleverser le genre de la science-fiction. Vingt éditeurs refusent ce roman qui ne paraîtra, avec sa seconde partie, qu'en 1965. Le succès est considérable : 12 millions d'exemplaires, 14 traductions, pour les six volumes qui occuperont l'écrivain pendant presque tout le reste de sa vie (Les Hérétiques de Dune paraît en 1985). Après bien des avatars, et plus d'une douzaine de scénarios différents, un film sera finalement tourné, qui consternera les lecteurs du livre, l'auteur et les amateurs de cinéma. Dans le même temps, Herbert a produit d'autres romans, tous très différents les uns des autres ; l'ensemble des « Calebans » (L'Étoile et le fouet, 1970, Dosadi, 1977), la trilogie Destination vide (1966), L'Incident Jésus (1979) et L'Effet Lazare (1983, en collaboration avec Bill Ransom), mais aussi La Barrière Santaroga (1967), Les Fabricants d'Éden (1967) ou Les Yeux d'Heisenberg (1966).

Ses rares nouvelles, paraissent dans Analog, Astounding ou Galaxy. En France, Gérard Klein consacre à Frank Herbert un Livre d'or intelligent chez Presses-Pocket.

Dune, qui reste une date dans l'histoire de la littérature américaine, brille surtout par ses trois premiers volumes, les trois suivants n'ajoutant rien à la gloire d'un auteur contraint de tirer à la ligne par ses éditeurs. Mais quel univers ! L'immense culture de Herbert lui a fait mêler des éléments dispersés et méconnus. Il a été fasciné par l'islamisme renaissant et a créé de toutes pièces une religion imaginaire. Il a inventé aussi, à partir d'un point de départ précis (une planète totalement dépourvue d'eau), un ensemble de civilisations où les problèmes de pouvoir sont profondément modifiés par les conditions de vie. Il s'est expliqué là-dessus en ajoutant en postface plusieurs dizaines de pages d'explications sur l'écologie ou la religion. Une écriture remarquable et habile fait de cette série une œuvre ambitieuse et colorée qui a su trouver un immense public.

Comme l'a bien remarqué Gérard Klein, toutes les histoires de Herbert se passent en champ clos, dans des « niches écologiques ». Le pouvoir et l'éthique, l'organisation sociale, la survie, la surhumanité reviennent comme des leitmotivs. Chacun de ses romans nous montre des êtres confrontés à un manque vital, à une carence de départ dont dépend leur survie : eau, air, espace, liberté, etc. Pour échapper à cette condition tragique, les espèces n'ont que le choix d'une profonde mutation, lente et calculée, y compris sur le plan biologique. C'est le thème central de La Ruche d'Hellstrom (1973), où les humains s'efforcent de rapprocher leur comportement de celui des termites – thème éculé de la vieille science-fiction, ici totalement renouvelé par l'écrivain.

L'évolution sociale et biologique – comme l'histoire – ne se fait qu'au travers de l'affrontement des espèces, des groupes, des civilisations, dans une effroyable lutte pour la survie collective ; souvent, l'issue ne se trouve que dans le sacrifice, consenti ou pas, d'un des héros de l'histoire. Gérard Klein a montré que « la saga[...]

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