FRANK HORVAT. PARIS, LE MONDE, LA MODE (exposition)

Photographe de mode

Le sens de l’insolite, la maîtrise de la lumière naturelle et de l’éclairage urbain, où Franck Horvat est passé maître, intéressent le directeur artistique de la revue Jardin des modes. Jacques Moutin lui confie en 1957 la réalisation d’un visuel transposant les audaces de la haute couture dans l’atmosphère populaire du quartier des Halles, connu pour ses bistrots ouverts à toute heure. Devant une soupe à l’oignon, accompagné au comptoir d’un homme en smoking et au milieu de consommateurs anonymes, un mannequin simule une légère ivresse et participe à l’une des pièces fondatrices de la représentation scénarisée de la mode. Moins connue que le visuel Longchamp pour le parfum Givenchy du même nom, la photographie Tan Arnold auChien qui fume reste emblématique de la démarche originale d’un photographe qui, sans tricher, joue avec les codes du document et de la fiction.

Malgré la reconnaissance dont il jouit dans le secteur éditorial de la mode, Horvat finit par souffrir du parti pris des rédactions comme le rythme imposé des collections de printemps et d’hiver. En 1962, retrouvant l’ardeur du voyageur qui douze années plus tôt l’avait lancé sur la route de l’Inde, il entreprend un tour du monde selon des destinations choisies, dont les images occupent la dernière salle de l’exposition, dessinant l’échappée belle d’un artiste rendu à sa liberté. L’Égypte, l’Australie, le Venezuela, l’Inde, Israël, Hong Kong, le Japon, la Californie et le Brésil sont autant d’étapes de ce long et dernier périple, amoureusement servi par la photographie.