HALS FRANS (1581 ou 1585-1666)
Frans Hals, ou l'un des noms symboliques, avec ceux de Rembrandt et de Vermeer de Delft, de toute la peinture néerlandaise, Frans Hals est en fait, en dépit de toutes les apparences contraires, un artiste difficile, mal connu, mal compris.
Depuis plus d'un siècle, sa renommée n'a fait que croître, parallèlement aux succès du réalisme et de l'impressionnisme, mais à force d'exalter le portraitiste direct, le réaliste joyeux, l'exécutant plein de brio, tel que Manet l'honore dans son fameux Bon Bock (1873, musée de Philadelphie), on a fini par isoler le peintre de son temps, par en faire un inexplicable et surprenant « moderne », on a privilégié ainsi très arbitrairement certains aspects de sa production (notamment les brillants portraits « caravagesques » des années 1620), et la notion commode et trompeuse de réalisme semble devoir suffire à toutes les analyses.
À l'image populaire, mais partiellement inexacte d'un Frans Hals « impressionniste », l'histoire de l'art, refusant de céder à un « modernisme » anachronique, devra substituer celle d'un artiste infiniment plus divers et plus nuancé, sachant user à l'occasion du langage symbolique cher aux lettrés de son temps et se révélant un psychologue de grande classe autant qu'un exécutant virtuose.
Données biographiques
Frans Hals est né à Anvers, vraisemblablement en 1581 (selon d'autres historiens en 1585). Pour des raisons religieuses, sa famille émigra vers le nord, peut-être dès 1585, se fixant à Haarlem, où son frère Dirck est baptisé en 1591, premier fait connu qui atteste la présence des Hals à Haarlem. Entre 1600 et 1603, Frans Hals fut apprenti chez le peintre maniérisant Carel Van Mander, mais il faut attendre 1610 pour le voir inscrit dans la gilde ; sa première œuvre connue est le portrait de Jacobus Zaffius (musée de Haarlem).
En 1616, il entre dans la Chambre de rhétorique de Haarlem (un équivalent des sociétés « précieuses » du xviie siècle français), fait marquant puisqu'il montre à la fois l'importance sociale du peintre – bien différent du bon vivant porté sur la boisson qu'aima décrire le xixe siècle ! – et ses préoccupations littéraires qui peuvent expliquer la place du langage symbolique dans ses œuvres.
De ses deux mariages (l'un vers 1611, l'autre en 1617, deux ans après la mort de sa première femme), naîtront dix enfants dont plusieurs seront peintres, tels Claes, Reynier, Frans II, Jan, ce qui contribue encore à aggraver la confusion qui entoure l'œuvre de Hals où voisinent et interfèrent, en nombre considérable, originaux, répliques d'ateliers et copies plus ou moins anciennes. Quant à sa carrière de peintre, elle se déroule tout entière à Haarlem, la majorité des documents d'archives renseignant surtout sur les innombrables difficultés financières qui assaillent le peintre, et sur le triste comportement de deux de ses enfants plus ou moins anormaux et placés par la ville en maison de correction. Dans ses dernières années, Hals finira même par être dispensé de la redevance annuelle à la gilde (1661) puis assisté par la ville qui lui alloue d'abord 200 florins en 1662 et continue les années suivantes à lui verser cette pension jusqu'à sa mort en 1666.
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Écrit par
- Jacques FOUCART : conservateur des Musées nationaux, service d'études et de documentation, département des Peintures, musée du Louvre
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