HALS FRANS (1581 ou 1585-1666)
Hals et l'art néerlandais
L'importance de Hals ne saurait se mesurer à son influence, dans la mesure où son génie même le met à part. Nourri de maniérisme (les maniéristes tels Hendrick Goltzius et Joachim Wttewael pratiquaient avec aisance les portraits, et le goût de Hals pour les encadrements ovales en trompe-l'œil, les gestes éloquents, la rythmique des mains, la présentation du coude en avant est d'origine maniériste), marqué par les Flamands, notamment Van Dyck dans son art monumental du portrait, enfin heureusement imprégné du joyeux caravagisme clair des Utrechtois, Hals ne crée pas un type de portrait vraiment nouveau ; Rembrandt, Keyser, Bartholomeus Van der Helst, ou même Michiel Van Mierevelt et Jan Anthonisz Van Ravesteyn sont parfois bien comparables, mais il se montre plus hardi et plus libre qu'aucun autre dans l'utilisation des moyens. Sa grande force, comme le montre si bien l'exemple des portraits collectifs de gardes civiques, est d'associer réalisme et baroque et, finalement, de ne sacrifier jamais l'un à l'autre les intérêts souvent divergents ou dissociés de la psychologie et du style. Peu de portraits, dans l'histoire de la peinture, se révèlent aussi bien construits, aussi directs et vivants, et en même temps aussi brillamment et largement peints.
Un tel tempérament de peintre – nul ne démontre avec plus d'évidence ce qu'est la peinture, un langage bien spécifique dont la moderne expression de peinture pure rend mal la portée – ne pouvait faire vraiment école, sinon au niveau de l'imitation, du pastiche. Il serait historiquement faux d'imaginer que Hals est une découverte relativement récente comme Meindert Hobbema ou Veermer : en son temps déjà, il était fort considéré, comme le prouve déjà la qualité de ses modèles (souvent des pasteurs ou des professeurs, sans oublier le plus illustre, Descartes, dont le portrait du Louvre n'est en fait qu'une copie ancienne) ; autre signe révélateur, il fut fréquemment gravé (notamment par Soutman et par Matham) et plus encore copié : à Haarlem même, au xviiie siècle, certains artistes s'en firent une spécialité comme C. Van Norde, W. Hendriks ou H. Tavernier (copies dessinées). En dehors de ses fils, on doit citer comme bons imitateurs de Hals, Judith Leyster (le Joueur de Luth, à Amsterdam) et Soutman, l'auteur de la grande Famille Berensteyn, du Louvre, jadis achetée comme une œuvre de Hals ; parmi ses élèves, qui furent très nombreux, on trouve des noms illustres, comme ceux d'Adriaen Brouwer, Adriaen Van Ostade, Jan Miense Molenaer.
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Écrit par
- Jacques FOUCART : conservateur des Musées nationaux, service d'études et de documentation, département des Peintures, musée du Louvre
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