GRILLPARZER FRANZ (1791-1872)
Le dégoût de l'action et la résignation
L'échec de la comédie Weh dem, der lügt !, 1838 (Malheur à celui qui ment !), augmente la solitude de Grillparzer et son dégoût des choses humaines. Les personnages historiques de la dernière partie de son œuvre sont l'incarnation de cet état d'esprit, surtout l'empereur Rodolphe II dans Ein Bruderzwist in Habsburg, tragédie non représentée et non éditée du vivant de l'auteur. L'empereur, solitaire et lucide, a percé le néant de l'action et répond à la nécessité des décisions politiques par la crainte que le moindre geste de sa part ne provoque des conséquences infinies et imprévisibles. Il assiste impuissant au déclenchement de la guerre de Trente Ans. Dans Ottokar, la dynastie était ascendante, ici elle est déjà sur son déclin. La fin de l'œuvre de Grillparzer est faite de cette conviction que l'on ne peut vivre ni régner innocemment. Grillparzer a une conscience aiguë et douloureuse de la décadence de cette grandeur autrichienne qui l'avait soutenu au début de sa vie et qui lui avait permis d'écrire son Ottokar. L'idée autrichienne – imposer l'harmonie à une mosaïque de peuples, affirmer son originalité en face du germanisme montant, incarné par la Prusse semble, après Sadowa, menacée, sinon irréalisable.
Convaincu de la fragilité de tout équilibre, humain et collectif, assuré que ceux qui possèdent la science du monde et des êtres ne peuvent avoir le don et le goût de l'action, Grillparzer, incarné par Rodolphe II, ne voit d'autre solution que la temporisation. Il se réfugie dans une résignation mélancolique, et cette résignation est celle de l'Autriche elle-même, depuis Grillparzer jusqu'à Joseph Roth.
Au-delà de ce pessimisme, la grandeur du chantre de l'Autriche à son déclin aura été d'avoir dû et su choisir entre le monde théâtral de Vienne, riche de traditions mais devenu trop étroit, et une forme de drame plus libre, solitaire et lyrique, qui apparaît aujourd'hui, malgré les différences entre l'Allemagne et l'Autriche, comme un des apports essentiels du théâtre allemand.
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Écrit par
- Michel-François DEMET : maître de conférences agrégé à l'université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Autres références
-
BIEDERMEIER, littérature
- Écrit par Véronique KLAUBER
- 526 mots
Époque, mode de vie, mais aussi style littéraire et artistique, le Biedermeier coïncide avec la période de 1815-1848, celle du Vormärz et de la Restauration, celle de Junge Deutschland et de la Sainte-Alliance, celle de la paix après les guerres sanglantes et celle du régime répressif de Metternich...