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MOORE FRED (1920-2017)

Toujours Français libre : par le titre de ses mémoires publiés deux ans après la fin de ses fonctions de dernier chancelier de l'ordre de la Libération, Fred Moore réaffirmait sa fidélité à l'engagement de ses vingt ans. Lors de l'hommage national qui lui fut rendu le 22 septembre 2017, six jours après son décès survenu à Paris, le président de la République Emmanuel Macron tint à nommer ses dix derniers compagnons survivants, dont celui qui allait reprendre le titre de chancelier d'honneur de l'ordre, Daniel Cordier, l'ancien secrétaire de Jean Moulin. S'il redit alors « l'immense reconnaissance de la Nation » à ces héros qui avaient refait la France avec de Gaulle, il cita aussi quelques-uns des camarades de Moore morts pour la France. Le chef de l'État souligna surtout le sens des engagements de Fred Moore, « grand soldat […] qui, jusqu'à son dernier souffle, s’attacha à servir la France et ses valeurs ».

Né à Brest le 8 avril 1920,Fred Moore est volontaire d'un bataillon de l'Air en mai 1940. Révolté par le défaitisme du maréchal Pétain, il s'embarque pour l'Angleterre avec son frère le 19 juin 1940. Fils d'un officier de la Royal Navy,il aurait pu s'engager sous l'uniforme anglais. Il préféra s'enrôler dès le 1er juillet suivant dans les Forces françaises libres. Il fut donc l'un des deux mille premiers volontaires, désolé à l'époque d'être si peu nombreux, fier au soir de sa vie d'en avoir été. En effet, après sa participation à l'expédition de Dakar dénoncée par le général vichyssois Weygand comme « de la jactance ayant débouché sur l'échec », il fut élève-aspirant à Brazzaville. Commencée avec le grade d'aspirant (14 juillet 1941), sa carrière militaire passa par le Levant, l'Égypte et la Tunisie. Réchappé de trois tirs au but au printemps 1943, le « lieutenant Baraka »fit partie pendant quelques semaines, à Alger, de la garde d'honneur du général de Gaulle, alors coprésident du Comité français de la libération nationale. Au sein de la Force L du général Leclerc, il se prépara aux engagements du 1er régiment de marche de spahis marocains (RMSM), bientôt intégré à la 2e division blindée (DB). Il y croisa un autre futur Compagnon, décédé quelques mois avant lui, Alain Gayet, président de l'Amicale du 1er RMSM de 1998 à 2009. Avec la division Leclerc, Moore débarqua en Normandie le 2 août 1944. Son peloton y fit plus de cent prisonniers en ne perdant que deux combattants. Après sa participation à la libération de Paris, où il rencontre Jacqueline qui sera sa femme soixante-dix ans durant, il combat dans les Vosges.

En conséquence de l'ordre formel du général de Gaulle exigeant que les poches allemandes soient « réduites par la force », Fred Moore est sur le front de l'Atlantique en avril 1945 avant de terminer la guerre avec la 2e DB à Berchtesgaden, le nid d'aigle de Hitler. Démobilisé en avril 1946, il est rappelé sous les drapeaux, en Algérie, entre mai et novembre 1956. Après sa participation aux « opérations de maintien de l'ordre », il est promu dans les grades de réserve jusqu'au rang de colonel en 1971.

Sa fidélité au gaullisme le conduit à devenir député de la Somme à l'automne 1958. Après avoir siégé durant une législature et avoir été conseiller du ministre de l'Industrie (1962-1964), il est, de 1964 à 1966, membre du Conseil économique. Ayant repris le commerce d'optique qu’il a ouvert à Amiens en 1946, il devient vice-président national de l'ordre des opticiens. Il fut aussi président de la Société industrielle de développement électronique et nucléaire.

Colonel honoraire en avril 1982, Fred Moore devient en mars 2004 membre du Conseil de l'ordre de la Libération.[...]

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

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  • LIBÉRATION ORDRE DE LA

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